En présence des autorités, des représentants des associations patriotiques et de plusieurs fidèles, un Te Deum a été chanté en l'honneur de la Fête du Roi, à dix heures, en la Collégiale Sainte-Waudru à Mons.
Le doyen principal de Mons-Borinage, M. Germain Bienaimé, a souligné l'action du Roi dans la crise belge qui n'en finit plus, en mettant notamment en exergue son discours remarqué du 21 juillet dernier.
Après la cérémonie religieuse, le Gouverneur de la Province du Hainaut et le Commandant militaire présidaient une cérémonie au Palais provincial. Trente-cinq personnes issus de diverses associations y étaient également conviées. En effet, la cérémonie civile de la Fête du Roi se déroulant au Palais de la Nation avait pour thème l'année européenne du bénévolat et du volontariat. Ces bénévoles se sont par la suite rendus, avec le Gouverneur, à Bruxelles rejoindre les 365 autres bénévoles venus des quatre coins du pays.
Deux produits hennuyers ont également été mis à l'honneur au Palais de la Nation : la Cuvée Ruffus, méthode traditionnelle (des Vignobles des Agaises à Haulchin) et l'hure de lapin à la Tournaisienne (présentation assurée par l’École Hôtelière Provinciale de Saint-Ghislain)
Deux membres de Pro Belgica Hainaut étaient présents au cours de ces cérémonies données en l'honneur de notre Souverain.
Discours du Gouverneur du Hainaut, M. Claude Durieux :
Mesdames, Messieurs,
C'est pour moi autant que pour le Commandant militaire et les membres du Collège provincial un honneur de vous accueillir en cette fin de matinée pour rendre l'hommage traditionnel de la Province du Hainaut à la Dynastie et à notre Roi.
C'est à une évocation du "bénévolat" que Monsieur le Premier Ministre et Messieurs les Présidents de la Chambre et du Sénat ont décidé de consacrer cette journée.
2011 a en effet été consacrée "année européenne du bénévolat et du volontariat". Il est vrai que plus de 100 millions d'Européens participent à des activités bénévoles aux quatre coins de l'Union. Ces hommes et ces femmes mettent en pratique le principe de solidarité et apportent une contribution plus que significative à notre vie en commun et à l'indispensable cohésion sociale qui doit caractériser nos démocraties.
Il était normal qu'une reconnaissance de grande envergure leur soit accordée au moment où l'Europe se cherche précisément une réelle dimension sociale, plongée qu'elle se trouve dans une crise financière grandissante. Il était tout aussi logique que les plus hautes autorités de notre pays tiennent à saluer l'intensité particulière de la vie associative en Belgique.
Ce sont donc, quelques 400 bénévoles issus de toutes les provinces et de tous les secteurs d'activités qui se rendront, cette après-midi, au Palais de la Nation, pour assister à une cérémonie qui leur est particulièrement dédiée et durant il me plaît de souligner qu'une équipe de l'école hôtelière provinciale de Saint-Ghislain assurera la promotion de produits hennuyers sous la houlette de Claude Charlier.
Pour le Hainaut, j'ai souhaité faire honneur à la diversité. Diversités de préoccupations, diversités d'engagement, diversités philosophiques mais, en fin de compte, unité dans le désir de servir les autres, d'enrichir nos relations d'êtres humains et, au bout du compte, de se montrer vraiment utile à l'épanouissement individuel dans une société harmonieuse.
Il eut bien sûr été impossible de se montrer exhaustif au regard de la richesse associative du Hainaut. Constituer une délégation est toujours un choix difficile mais les bénévoles présents parmi nous ce jour et les associations qu'ils servent doivent être perçus comme les porteurs des valeurs de solidarité et de participation qui caractérisent le tissu de notre province.
C'est ainsi qu'au travers de 35 personnes qui me font le plaisir de m'accompagner ce jour à Bruxelles pour représenter notre province, je salue le travail désintéressé mais ô combien précieux effectué par :
- l'association "sport pour handicapés" de Fleurus qui se consacre à offrir aux personnes moins valides un accès à plusieurs disciplines sportives. Venant de fêter ses 30 ans d'existence, cette belle association carolorégienne a reçu les honneurs d'une visite de la Princesse Astrid en octobre dernier (
photos de la visite ).
- L'Asbl "l'Espoir" de Cuesmes qui accueille, 24 heures sur 24, des femmes victimes de violences conjugales et les aide à restaurer leur autonomie et retrouver leur fierté ;
- L'Asbl la Marelle de Tournai qui héberge et accompagne des personnes adultes atteintes de déficience mentale en privilégiant un lien direct avec les familles ;
- L'association athoise "Can Ce-Tu ?" active dans l'information, le soutien à la recherche scientifique et l'accompagnement des personnes malheureusement atteintes de tumeurs et cancers cérébraux ;
- Le "resto du cœur" de Mons qui, au-delà de sa mission première, s'est mué en un véritable lieu permanent de guidance sociale et d'expression pour les personnes vivant dans la plus grande précarité ;
- L'Extension de l'ULB et le centre d'action laïque de La Louvière qui développent une politique d'information citoyenne par le biais de conférences et de débats sur les grandes problématiques éthiques ou philosophiques de notre temps ;
- L'association "Solidarité Abu Za Bal" qui vient en aide à la communauté des lépreux du Caire avec Action Damien et grâce à l'engagement des adolescents d'Action Jeunes/Jurbise soucieux de s'investir concrètement dans l'amélioration des infrastructures en Égypte. Des jeunes issus du collège Sainte-Marie à Saint-Ghislain préparent ainsi, en ce moment, un chantier au Caire, promesse d'échanges intenses avec des êtres particulièrement démunis.
- L'asbl montoise "Afrique au Cœur" particulièrement reconnue pour favoriser l'auto-développement culturel et économique au Burkina Faso. Son travail entièrement bénévole avec des associations locales en matière d'agriculture constitue une référence dans la Fédération Wallonie-Bruxelles.
- Et enfin, "les amis du folklore d'Ellezelles" symbolisant, par leur présence, les nombreux bénévoles engagés dans la sauvegarde et la promotion de notre patrimoine et de notre folklore. Ils sont attachés au Sabbat des sorcières et à l'héritage laissé par Jacques Van de Wattyne comme d'autres consacrent un temps précieux aux carnavals, processions et marches qui font la richesse du Hainaut et même sa reconnaissance au patrimoine de l'Unesco.
Folklore, culture, sport, accompagnement social, solidarité Nord-Sud mais également perpétuation du souvenir de celles et ceux qui ont servi le pays (et je salue ici la présence toujours tant apprécié des associations patriotiques hennuyères) : l'engagement citoyen prend des visages multiples. Aucune forme de ces expressions n'est assurément supérieure ou inférieur à l'autre. Chacune - en se posant en antidote contre les égoïsmes - contribue simplement à la meilleure harmonie sociale possible au sein de notre société contemporaine. Une société si complexe et parfois si peu regardante quant à la satisfaction des bonheurs individuels...
Notre société, notre pays et singulièrement tout notre espace européen, en effet, n'ont sans doute jamais été aussi déstabilisants pour le citoyen. Crise institutionnelle belge, crise boursière européenne et surendettement, annonce d'une austérité drastique, sentiment diffus d'arriver au bout d'un cycle post-industriel, incertitude évidente quant à la capacité de l'Homme de pouvoir assumer un réel développement durable... les racines de la morosité sont profondes et appellent un besoin d'humanité et de participation citoyenne.
"En dépit de deux guerres mondiales, a écrit François de Closets dans son dernier ouvrage intitulé "l'Echéance", la civilisation industrielle a permis un progrès économique et social sans précédent. Nous n'avions pas remarqué que ce "toujours plus" se fondait, pour une part, sur l'exploitation de la nature et des peuples pauvres. Aujourd'hui la nature n'en peut plus et le Tiers-monde n'en veut plus. Plutôt que de freiner son expansion, le monde occidental l'a entretenue à crédit. Il vit aujourd'hui au-dessus de sa production, au-dessus de ses moyens (...) Nous voilà confrontés à un défi simple : soit aller moins en mieux, soit aller de mal en pis."
Imperceptiblement, les citoyens ressentent ce mal-être exprimé par de Closets, Ils l'expriment par un besoin de rassurance, une envie d'être "utiles" et de créer des liens véritables. Face à des pouvoirs publics de plus en plus en peine à satisfaire un niveau élevé de prestation sociale face à ceux qui promettent "du sang et des larmes" pour les années qui viennent, le repli sur soi est un danger contre lequel luttent, chacun à leur niveau, les bénévoles.
Le phénomène du bénévolat est loin d'être négligeable. Une étude universitaire menée en France par Madame Edith Archambault montrait, il y a quelques années, qu'une personne sur quatre se trouve impliquée, à des degrés divers, dans une action bénévole. Difficile de dire si cette tendance se trouve aujourd'hui à la hausse ou si l'engagement s'essouffle. Mais le poids économique et social du secteur bénévole est incontestable : près de 200 associations ont souscrits une assurance auprès de la Province du Hainaut pour couvrir leurs travailleurs bénévoles. L'empreinte de cette force sur la société saute aux yeux : le remarquable déroulement de l'opération 11.11.11 en a témoigné ces derniers jours.
Et parfois, c'est même de tournant de l'Histoire qu'il convient de parler. Comme le note Edith Archambault et je la cite : "un retour sur les mouvements sociaux du XXème siècle montre clairement l'impact des bénévoles qui les ont initiés et inscrits dans la durée : du mouvement ouvrier et des suffragettes jusqu’à la protection contre la mondialisation ultra-libérale et aux mouvements des "sans" (papiers, droits, travail, logement) en passant par le pacifisme, le mouvement écologiste, le mouvement des droits civils, la théologique de la Libération et Solidarnosc. Il y a là de toute évidence une force mondiale d'initiative, de réflexion et de changement social diffusée par une armée d'hommes et de femmes de bonne volonté."
Mais si la foi soulève des montagnes, le bénévolat vécu au quotidien, celui qui se trouve pratiqué autour des terrains de football, dans les structures d'accueil sociales, les salles culturelles et au sein des ONG mérite reconnaissance et soutien de la part des pouvoirs publics.
Le bénévolat ne doit, en aucune manière, exister pour pallier d'éventuelles carences de notre organisation institutionnelle. Il a pour vocation de lui apporter une plus-value, un supplément d'âme.
En ce sens, le lien privilégié que les Communes et la Province entretiennent avec leur tissu associatif est fondamental. Les difficultés budgétaires rencontrées par les pouvoirs locaux rendent certes le soutien financier toujours plus délicat mais il faut plaider pour qu'une place reste réservée à l'écoute des besoins du bénévolat dès lors qu'ils sont louables, argumentés et correspondent à la poursuite d'un intérêt général.
Il faut plaider pour que le bénévolat bénéficie du respect que l'on accorde à un partenaire majeur de la vie en démocratie.
Mesdames, Messieurs,
Dans notre actualité nationale bouleversée et incertaine, les valeurs de solidarité largement portées par le monde généraux du bénévolat prennent évidemment un accent tout particulier.
Ce 15 novembre est dès lors l'occasion d'exprimer l'ardent souhait que la sérénité, le respect mutuel et surtout l'attention au maintien d'une qualité de vue digne pour chacun guident les négociations gouvernementales fédérales. Notre pays a, plus que jamais, besoin de stabilité pour rencontrer les attentes socio-économiques des citoyens et allier la rigueur budgétaire au maintien du haut degré de protection sociale qui constitue notre apanage et notre fierté.
Chacun prend conscience qu’aujourd’hui nous assistons à u tournant dans la façon d'envisager notre vie en société. Chacun constate comme l'écrit de Closets, que "désormais l'économie du court terme doit s'imbriquer dans celle du long terme, le développement immédiat dans le développement durable". Face à ce rendez-vous, l'humain et l'intérêt réel du citoyen doivent assurément demeurer les balises de l'action publique.Voilà sans doute le vœu prioritaire d'une large majorité de notre population.
C'est également le vœux que je formule en vous invitant à porter, au nom du Hainaut et de toiutes les composantes philosophiques et culturelles de sa population un toast au Roi.
Mesdames, Messieurs, "VIVE LE ROI" !