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vendredi 7 janvier 2011

"Les étonnantes origines de la querelle linguistique en Belgique" (Jean-Marie Gillet)

Sous forme d'un dialogue avec sa filleule Perrine, Jean-Marie Gillet revient sur les origines de la querelle linguistique en Belgique, notamment en faisant appel aux découvertes de l'anthropologie. A force d'être répétés par la presse et les responsables politiques, certains clichés et légendes s'incrustent dans les consciences et finissent par s'imposer comme s'il s'agissait de vénérables vérités.

L'auteur démontre que les Flamands et les Wallons ont une histoire commune bien avant 1830. Un exemple : suite au rachat du comté de Namur par le comte de Flandre Gui de Dampierre pour son fils Jean, la Flandre et Namur forment un seul Etat et ont, tous les deux, le lion flamand sur leur blason respectif. A partir du Moyen Age, les anciennes principautés féodales se regroupent peu à peu autour du Brabant. Les dernières années du XVIème siècle voient naître deux Etats antagonistes : la république des Provinces-Unies (les actuels Pays-Bas) et les Pays-Bas méridionaux (l'actuelle Belgique moins la principauté de Liège). L'opposition entre ces deux Etats est surtout religieuse.

Jean-Marie Gillet fait remarquer avec raison : "L'illusion est de croire qu'il existe des Etats naturels, des Etats de bonne qualité, et d'autres qui seraient artificiels, des Etats de pacotille, de la camelote d'Etat. Tous les Etats du monde sont des créations politiques, ils sont donc tous artificiels : la Belgique, la France, comme tous les autres. C'est la durée qui nous donne l'illusion que l'existence d'un Etat va de soi, qu'il n'aurait pas pu ne pas être et que c'est dans le cours naturel des réalités de ce monde qu'il fallait qu'il fût là".

On cite souvent la lettre ouverte de Jules Destrée au roi Albert Ier en 1912 ("Sire, il n'y a pas de Belges : il y a des Wallons et des Flamands"), mais il avait changé de discours après la première guerre mondiale. Ainsi en 1921, il a écrit : "Le fleuve Escaut roule ses eaux et ses idées de Tournai à Gand, et les prestiges d'une merveilleuse école d'art, qui devait réjouir le monde et la postérité, sont également magnifiques en Wallonie et en Flandre. Toutes ces splendeurs, c'est notre passé belge et ce serait diminuer notre richesse que de le vouloir séparer, ce serait folie que de vouloir en opposer une partie à l'autre".

La Question Royale a-t-elle marqué une fracture entre le nord et le sud du pays? Oui si on analyse les résultats de la consultation de 1950 sur le plan linguistique. Si on prend le critère politique, on remarque que les provinces socialistes (Anvers, Hainaut, Liège, p.ex.) ont voté contre le retour de Léopold III, tandis que les provinces catholiques (Luxembourg, Flandre occidentale, p.ex.) ont voté en sa faveur. En ce qui concerne les transferts financiers, Jean-Marie Gillet rappelle qu'ils ont eu lieu dans le sens sud-nord jusqu'au milieu du 20ème siècle, que les provinces de Liège et du Hainaut ont autrefois assuré la prospérité de tout le pays, et que le Brabant wallon est la province la plus riche de Belgique.

Terminons par deux citations de l'auteur :

1° "On a transformé un Etat unitaire en un Etat fédéral sans jamais rien demander aux citoyens et cela sous prétexte que la Constitution belge ne prévoit pas le référendum. On aurait au moins pu faire une consultation populaire, comme au temps de l'affaire royale".

2° "La question linguistique n'est qu'un faux problème qui crée de véritables nuisances".

Vincent Leroy
Membre de Pro Belgica Hainaut

1 commentaire:

  1. Ma vision personnelle est que, quelque part, à un endroit bien précis de l'immensité, se situe un point, nous dirons une sphère pour se situer à la mesure des êtres vivants qui la peuplent.
    Cette sphère bénéficiait des conditions de climat, d'humidité, afin que quelque chose comme la vie y survienne.
    Pas de frontières nulle part.
    Mais un jour, pour des raisons liées entre autre au besoin de sécurité et d'accaparement des ressources ensuite, toutes les espèces vivantes ont initié la notion de territoire.
    Et des frontières sont apparues; le plus souvent, des critères, des paramètres furent à l'origine de ces limites, ces séparations, ces protections,ces monopoles auto-proclamés.
    On perçoit souvent clairement ce qui sépare: langue, religion, régimes politiques (forts ou démocratiques),intérêts économiques,frontières, naturelles, etc...
    Et parfois une volonté politique veut à tous prix pour des logiques qui se réfèrent à l'un ou l'autre de ces critères (protection militaire, entente économique, nécessité de faire front à des rivaux puissants)décide de créer une entité (Ex: l'Europe) au mépris de tous les autres facteurs qui restent absents (langues disparates, religions et philosophies incompatibles, trains de vie différents générant des problèmes concurrentiels, poids différents des sous-états dans l'entité globale).
    Et c'est la merde!
    Pourquoi me direz-vous? Eh bien tout simplement en raison de l'arbitraire politique qui a isolé intellectuellement quelques bonnes raisons de réunir ignorant ou passant sous silence tout ce qui avait vocation de séparer.
    C'est clairement la problématique européenne sur laquelle je viens de tenter d'exprimer mon sentiment. Mais c'est également la question Franco Belge.
    Mais c'est aussi la question des mélanges de populations, qui ne posent que peu de difficultés si les cultures ne diffèrent que sur des points de détail et que le quota d'immigrés reste raisonnable mais qui hérisse le poil des nationaux quand ils ont l'impression d'être envahis par des gens venus d'ailleurs avec des idées venues du même endroit avec une volonté clairement exprimées de les imposer, de coloniser.
    Et là le risque de déflagration devient imminent.
    L'odeur de la merde, on peut s'en accomoder; on respire par la bouche.
    Mais quand un voisinage est explosif, ça finit par péter.
    Terminons en précisant que tout ceci n'a rien d'une volonté séparatiste, il simplement du rappel d'un processus naturel au départ duquel il n'y avait qu'une boule sans nom, sans frontière et sans vie.
    Et il n'a a fallu que l'apparition de quelques cellules vivantes pour engendrer ce "formidable bordel" comme le nommait Eugène Ionesco.

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