A la une du journal, Annie et Jacques Roupin, membres de Pro Belgica Hainaut (Photo Christophe Lefebvre) |
Aujourd'hui c'est la Fête nationale belge. Une fête qui intervient dans un contexte pour le moins tendu. Le pays n'a pas de gouvernement depuis plus de 400 jours. Et le lion flamand rêve de voler dans les plumes du coq wallon. Reste-t-il des patriotes outre-Quiévrain ? Nous sommes allés nous rendre compte du côté de Courtrai et de Tournai.
En toute logique, ça se repère facilement un patriote belge. Du genre à respecter scrupuleusement la devise du pays : "L'union fait la force". Flamands et Wallons main dans la main. Le 21 juillet, date de la Fête nationale, le patriote belge pavoise avec le drapeau tricolore noir, jaune et rouge. Accessoirement, le patriote fait figurer un portrait du roi à l'une de ses vitres. Mais là, ce n'est qu'une option.
Hier, veille de Fête nationale, difficile de repérer un drapeau tricolore dans les artères courtraisiennes. Sauf si on comptabilise les bâtiments publics et les étendards italiens sur les pizzerias de la Grand-Place... En revanche, sur un immeuble du centre-ville, Walter Bytebier a pris bien soin de suspendre un lion flamand aux griffes noires.Une provocation ? "Je suis en Flandre et je suis né flamand. La Belgique, l'identité belge, qu'est-ce que c'est au fond ? Je ne sais pas si c'est un péché d'être flamand mais il paraît que oui. Les francophones nous regardent avec mépris. Ils veulent que nous courbions l'échine." Inutile de dire que Walter Byttebier ne sortira pas de drapeau tricolore pour la Fête nationale...
"Viva Belgica !"
Stéfanie Vuylsteker, gérante du magasin de disques Free record shop, met la dernière main à un étal aux couleurs de la Belgique où on peut lire "Viva Belgica !". Pour ue fois, la traduction flamand-français n'est pas trop compliquée - et pour cause : c'est du yaourt latin. Au programme : des CD avec des interprètes belges, flamands ou wallons. "C'est une manière de marquer mon attachement à la Belgique. Et ici, à Courtrai, personne ne fait de remarque." Surtout pas Lieven Lybeer, le bourgmestre par intérim de la ville. Aujourd'hui à Courtrai, il y aura, comme chaque année, une messe, la tombe du soldat inconnu sera fleurie et un concert va terminer la journée : "Pour moi, nous sommes encore Belges. C'est important de continuer."
Changement de décor. Rendez-vous à Tournai chez les francophones. Là encore, personne ne semble pavoiser. Christian Massy, le bourgmestre, est pourtant optimiste. "Je ne souhaite pas un référendum parce qu'on ne sait jamais ce qui peut arriver. Mais s'il y en avait un, vous verriez l'élan belge renaître. Je suis convaincu que la majorité des Belges souhaitent rester unis."
"Morte avant la scission du pays"
C'est en tout cas bien l'avis d'Annie et Jacques Roupin, deux retraités (en Belgique, on dit pensionnés) domiciliés à Pipaix, à une quinzaine de kilomètres de Tournai. "Ici, c'est la maison des patriotes", annonce Annie dès notre arrivée. On la croit volontiers. Un drapeau est accroché au balcon. Sur la boîte aux lettres, un autocollant : "Touche pas à mon pays !". Dans la salle à manger, des portraits du roi Léopold III et de la reine Astrid, de Baudouin et de Fabiola et même du prince Philippe. Des patriotes toutes options. Même le parapluie est tricolore.
Alors, forcément ici, l'impasse politique dans laquelle se trouve le pays, ça fait plus que désordre : "Ça me tracasse beaucoup, beaucoup cette situation. Je commence à avoir peur. J'espère que je serais morte avant la scission du pays. Ce serait la catastrophe." En bonne élève de classe Belgique, Annie ne tarde pas à réciter les paroles de La Brabançonne, l'hymne belge, beaucoup moins connu que la Marseillaise chez nous : "Ô Belgique, ô mère chérie..."
Annie et Jacques Roupin (Photo Christophe Lefebvre) |
Une poignée de kilomètres et quelques vers plus loin, à Leuze, le café de l'Europe est aussi aux couleurs de la Belgique. Sylvie Bougard, la patronne, n'est pas spécialement royaliste. Simplement "belge et fière de l'être". Et même "belge avant d'être wallonne". Les négociations politiques qui n'en finissent plus comment à lui taper sur le système : "Ça fait plus de 400 jours. Il y en a bien un qui va frapper du poing sur la table ou c'est peut-être nous qui allons devoir le faire".
Article de Pierre-Laurent Flamen (La Voix du Nord - édition de Lille du 21 juillet 2011)
Merci à Annie et Jacques Roupin, membres de Pro Belgica Hainait, de nous avoir transmis l'article.
Bravos à tous pour faire de la Belgique un pays ou " L'union fait la force" nous comptons sur vous pour la cérémonie du 24 septembre 2011 à la Place des Martyrs en hommage à nos héros de 1830, organisée par Pro Belgica.
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