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dimanche 29 avril 2012

La Campagne des Dix-Jours

Après avoir prêté serment comme premier Roi des Belges, Léopold Ier effectue des visites dans les grandes villes du pays. Le 2 août, depuis Liège, il apprend que des troupes hollandaises ont franchi la frontière belge près de Poppel. Un peu moins d’un an après le début de la Révolution belge, le roi Guillaume Ier des Pays-Bas décidait de prendre sa revanche. Ce ne sont pas moins de 60.000 hommes que le Roi hollandais a mobilisé pour cette opération de reconquête. 26.000 hommes ont d’ailleurs été placés sous le commandement du prince d’Orange. Sans ministre à ses côtés, depuis la Cité ardente, le Roi appelle Joseph Lebeau, qui fut un des membres du Congrès National puis ministre du régent Surlet de Chockier, et qui exerce à Liège comme avocat général près la Cour d’appel.

Le 3 août, le souverain est de retour à Bruxelles où il déclare le lendemain : « Belge comme vous, je défendrai la Belgique. Je compte sur la Garde Civique, sur l’Armée, sur le courage et le dévouement de tous. Je me rends à mon poste. J’y attends tous les Belges à qui la Patrie, l’honneur et la liberté sont chers ». Au même moment, la ville d’Anvers tombait. Le Roi des Belges joue alors un rôle prépondérant et n’hésite pas à combattre auprès de ses hommes. Les tout nouveaux hommes politiques belges de l’époque s’accommodent très bien de la situation, préférant laisser à un chef d’Etat familier de la diplomatie et de l’armée le droit de régler cette question.

Le roi Léopold Ier aurait aimé pouvoir réagir seul face à cette violation de son territoire. Mais l’armée belge, composée seulement de 20.000 jeunes soldats, ne fait pas le poids. Les soldats belges sont inexpérimentés et désorganisés, les armes manquent, il faut se débrouiller avec peu de munitions, un état-major inexistant, aucune intendance et une absence d’un service de santé. Par ailleurs, la méfiance règne entre les régiments et les volontaires. Ainsi sur les conseils de Joseph Lebeau, le souverain réclame par la voie diplomatique une intervention militaire des Puissances étrangères. Le Ministre de Belgique à Paris, M. Le Hon, se charge de contacter la France, tandis que Sylvain van de Weyer, membre du gouvernement provisoire de 1830, désormais représentant belge à Londres, établit le contact avec la puissance garante de la neutralité belge.

Le prince d'Orange à la tête des combats, le 3 août à Ravels (province d'Anvers)

Le 8 août, le général Daine, commandant l’Armée de la Meuse, est écrasé à Hasselt et ses hommes entrent en débandade en direction de Liège. Les Hollandais ne cessent de gagner du terrain et les hommes du prince d’Orange avancent désormais vers l’ouest. Ensuite c’est Louvain qui est pris, après une bataille qui voit la défaite de l’Armée de l’Escaut.

L’appel lancé auprès de la France trouve un écho favorable et l’Armée du Nord, à la tête de laquelle se trouve le maréchal Gérard, passe la frontière le 9 août. Parmi les 50.000 hommes envoyés par le roi Louis-Philippe Ier, se trouvent ses fils, le duc d’Orléans et le duc de Nemours (à qui la couronne belge avait été proposée par le Congrès National). Au même moment, les Hollandais, avertis de l’intervention française, restent sur leurs positions et décident de ne pas marcher vers Bruxelles. Les Pays-Bas croyaient alors pouvoir bénéficier dans cette aventure de l’appui de la Russie et de la Prusse, deux puissances qui s’étaient montrées hostiles à l’indépendance de la Belgique. Mais une révolte en Pologne changera la donne : l’empire tsariste se verra dans l’obligation de mater ces révolutionnaires plutôt que de songer à la question belge, et de son côté la Prusse ne désirera pas intervenir seule. De plus, une autre menace se profile pour les soldats hollandais. En effet, un corps de volontaires, réunis par Charles de Brouckère arrive depuis le nord de la Belgique, si bien que les hommes du roi Guillaume craignent d’être pris en « tenaille ».
Au final, il n’y aura pas de réel combat entre Français et Hollandais à Louvain. Les derniers ont préféré choisir la voie de l’évacuation progressive du territoire belge, sauf de la citadelle d’Anvers. Un cessez-le-feu intervient le 12 août. Au final cette campagne aura fait 131 morts et 590 blessés.

La question d’Anvers ne sera réglée, elle, que le 23 décembre 1832 après un siège de l’Armée du Nord du maréchal Gérard. Cette campagne militaire, plutôt désastreuse pour la Belgique aura des conséquences pour notre pays : un Traité des XXIV articles remplacera en 1839 le Traité des XVIII articles (adopté en 1830) qui était trop favorable à la Belgique selon le roi Guillaume Ier. Ce nouveau traité remodèlera le territoire belge : perte de l’actuel Limbourg néerlandais, de la partie dite « allemande » du grand-duché de Luxembourg, et des villes de Maestricht, Venlo et Roermond. Par ailleurs, suite à ce malheureux épisode qui a bien failli coûter l’indépendance de la Belgique, le roi Léopold Ier sera très sensible aux questions militaires durant son règne et fera en sorte que l’armée belge puisse être complètement réorganisée. Ces préoccupations perdureront également durant le règne de son fils, Léopold II, qui soutiendra d’importants travaux de fortifications.

En 1904, une chapelle est érigée en mémoire de ceux qui sont tombés en 1831, au sommet de la colline « Roeselberg » à Hérent-Wygmael (Brabant flamand). A l’occasion du centenaire de la Belgique, un mémorial est inauguré sur ce même site en présence du prince Léopold, duc de Brabant, et des régiments ayant pris part aux combats et de leurs drapeaux de 1831.

Le 21 avril 2012, la princesse Astrid était présente au cimetière communal d’Houthalen-Helchteren dans la province du Limbourg. Elle a présidé à l’inauguration d’une croix commémorative et de deux monuments représentants les faits. 




Valentin Dupont
Secrétaire de Pro Belgica Hainaut

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