Chimay II : le château

Au XVème siècle, Jean de Croÿ achète les terres des seigneurs de Chimay. Le plus ancien vestige est la tour carrée, tour d'angle de l'ancienne forteresse moyenâgeuse (le mur et la partie de la tour sous l'encorbellement sont d'origine). A l'époque, le corps de logis se trouvait à l'actuel emplacement de la terrasse, située à l'arrière du château. Quant à l'aile orientale, c'est-à-dire la façade actuelle, il s'agissait alors de communs encadrant un pont-levis jeté sur un fossé sec.

Vue du château avant le dernier incendie de 1935

En 1607, démoli par les Français, le château est reconstruit par Charles de Croÿ dans un style Henri IV. Prince décédé sans postérité, le domaine passera ensuite successivement aux Arenberg, aux Alsace d'Hénin-Liétard puis aux Riquet de Caraman. C'est sous le prince François-Joseph (1771-1843) et son épouse, née Thérésa de Cabarrus (1773-1835) et surnommée Notre-Dame de Thermidor suite à son premier mariage avec le révolutionnaire français Tallien, que Chimay connaît une période de splendeur. Grands mélomanes, le château verra alors la venue de prestigieux visiteurs : Auber (le compositeur de La Muette de Portici), de Bériot ou encore la Malibran. La princesse sera d'ailleurs à l'origine de la construction d'un premier théâtre.

Le salon des portraits, au centre duquel se trouve un tableau de Thérésa de Cabarrus, par le peintre Gérard. A gauche (en bas), on reconnait un portrait, signé Lazlo, de la princesse Elisabeth de Chimay (1860-1952), comtesse Henry Greffulhe par mariage, fille du prince Joseph, qui fut une grande dame de la haute société de son époque.

Au milieu du XIXème siècle, le château est transformé dans un style néo-gothique dans l'optique de le rendre davantage confortable. Le prince Joseph (1808-1886), dit le Grand Prince, sera également à l'origine de la construction du théâtre à l'endroit même de l'ancien. Il en a confié la réalisation à l'architecte Hector Le Fuel et au décorateur Charles-Antoine Cambon. Pour sa construction, l'architecte s'est inspiré du théâtre du château de Fontainebleau pour lequel il avait également travaillé à la demande de Napoléon III. Les travaux se sont terminés en 1863.

L'histoire du château est marquée par les incendies, sept au total, dont le dernier a sévi en 1935. Seuls le somptueux théâtre, la tour du XVe siècle, les archives et une partie des collections ont pu être sauvés. Suite à cela, il est décidé de reconstruire le château non plus dans le style néo-gothique, mais sous l'aspect qu'il avait sous Charles de Croÿ grâce aux plans de 1607. Ces travaux demanderont quatorze mois. La partie supérieure de la tour et le toit ont été restaurés par Raymond Pelgrims de Bigard, qui a d'ailleurs fait installé une copie du bulbe de la tour octogonale du château d'Havré.

Le prince Elie et son épouse, née Elisabeth Manset, ont créé en leur château en 1957 le Concours International de Chant Baroque. Chimay renoue alors avec sa splendeur d'autant et voit défiler de prestigieuses personnalités de la musique et des lettres. La Reine accorde d’ailleurs son Haut Patronage à ce concours.

Aujourd'hui, c'est encore la princesse Elie Riquet de Caraman-Chimay, ancienne dame d'honneur de la reine Fabiola, qui honore les visiteurs de ses commentaires sur son château. Habitant le château, elle se passionne à classer les archives familiales.

La visite débute dans la chapelle du château, qui a d'ailleurs accueilli quelques années le Saint-Suaire. Et elle se termine par la visite du théâtre, avec la projection d'un film, qui a d'ailleurs été restauré en 1991. Le château est situé dans un écrin de verdure et il est possible de visiter le parc anglais à la belle saison, l'occasion d'y découvrir un ferme typique de la région.

La princesse Elie Riquet de Caraman-Chimay

Valentin Dupont, secrétaire de Pro Belgica Hainaut

Merci à Christiane Brabant, membre de Pro Belgica Hainaut, pour ses photos.