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vendredi 24 août 2012

1830 à Fleurus

Disposant déjà d'une garde civique, Fleurus a décidé de créer, au moment où éclate la Révolution, une garde bourgeoise, placée sous les ordres de M. Preumont père. Composée de quatre compagnies en son sein, elle totalisait environ 400 hommes. Les deux gardes ont dans les premiers jours effectué des patrouilles. Ces missions ont notamment permis l'arrestation de soldats hollandais porteurs de dépêches.

Dès le début de la Révolution, une ambiance patriotique a coloré la ville de Fleurus. Ainsi, les autorités ont décidé de placer aux clochers des églises le drapeau tricolore. Suite à une réunion des notables de l'arrondissement de Charleroi à Gilly, il a été décidé que les couleurs brabançonnes seraient portées à la boutonnière, mesure s'appliquant naturellement à Fleurus.

C'est un volontaire, Adrien Rosart, qui a été chargé de faire le voyage depuis Bruxelles pour demander de l'aide aux habitants de Fleurus. Charles Boucher, originaire de Namur, a alors annoncé au café Delgouffre qu'il partait tout de suite à Bruxelles. Le lendemain, près d'une soixantaine d'habitants fleurusiens sont partis le rejoindre avec Jean-Joseph Sauvelon comme porte-drapeau. 

La suite de l'aventure des volontaires fleurusiens est racontée avec détails dans le livre de Victor Ernest "Les Volontaires de Carolorégie en 1830" paru en 1930 :

« L'arrivée à Bruxelles du premier contingent de Fleurus fut retardée par la rencontre à Waterloo d'une brigade de la maréchaussée que les volontaires désarmèrent après un combat au cours duquel l'un des volontaires, Renaud Antoine, ouvrier tisserand, fut blessé d'un coup de baïonnette, ce qui ne l'empêcha pas de continuer avec ses frères d'armes et de se distinguer encore au cours des combats du parc. Quant aux gendarmes, ils avaient été désarmés, ce qui fit la joie de quelques volontaires encore sans arme.

Caveau de la famille Fichetet, dans lequel se trouve Jean, François, Victor Fichetet (1810-1885), combattant de 1830 et décoré de la Croix de fer


A leur arrivée à Bruxelles, les volontaires fleurusiens retrouvèrent à la porte de Hal le capitaine Boucher qui se mit à leur tête et les conduisit au feu, suivant les ordres du général J. Van Halen, avec qui il s'était mis en rapport et avait annoncé le renfort fleurusien. Vander Meulen signale combien cette arrivée successive de volontaires du Hainaut réconforta les combattants bruxellois et stimula leur courage.

Boucher se rendit immédiatement vers le parc où le danger était le plus grand : "Quiconque osait se montrer et n'était pas arbitré, était bientôt atteint, tué ou blessé". Là le capitaine Boucher de Fleurus se fit remarquer par son audace. Il avait un commandement à l'extrême de la rue Royale, vers l'ancienne place de Louvain. Dès le premier jour, il voulut vers 6 heures, tenter de son chef, une attaque contre le parc. Il y pénétra, mais selon l'usage, il ne fut d'abord que faiblement suivi et bientôt après, presque abandonné. Resté seul, pour ainsi dire, exposé pendant plus d'une demi-heure à tout le feu de l'ennemi, il tua de sa propre main un grenadier qui s'approchait pour le saisir. Il fit trois tentatives pour s'emparer du parc, mais elles furent repoussées.

Le dimanche 26 septembre, le général Juan Van Halen décida qu'un nouvel et grand effort était nécessaire. Il établit vers 8 heures ses réserves entre la banque et la barricade de la Montagne du Parc, ordonna une attaque générale et chargea le major Kessels de diriger l'attaque vers le haut de la montagne. Kessels fit venir une pièce d'artillerie qui se trouvait posée dans la rue du Treurenberg et concentra sur le haut de la Montagne du Parc, un noyau d'hommes décidés. Van Halen voulut encourager les volontaires, mais il ne put parvenir à en rassembler un nombre suffisant pour marcher cette expédition, tant le péril paraissait imminent. Kessels se mit à la tête d'un petit nombre d'hommes décidés, parmi lesquels se trouvaient Boucher et les volontaires de Fleurus.

Le commandant en chef Van Halen doit se trouver au coin de la Montagne du Parc, où les tirailleurs, sous les ordres du capitaine Boucher, ancien officier de l'armée française, décoré, ont fait des prodiges de valeur en se précipitant dans les maisons encore occupées par les soldats. Le Courrier des Pays-Bas, dans ses numéros des 27 et 29 septembre, rendit hommage à Boucher et à ses hommes. A 1h, toute la lignée de maisons de la rue Royale était aux mains des Belges. Mais les Hollandais s'apercevant que leur centre était dépourvu d'artillerie, résolurent de faire une tentative sur ce point, pour séparer la ligne ; ils commencèrent l'attaque sur ce point par leur artillerie, et essayèrent vainement de déloger les nôtres.

Tombe d'Hubert Martougin (1810-1899), combattant de 1830


Peu après, le général en chef ordonna d'aller s'emparer du canon et des caissons que l'on voyait abandonnés à l'entrée du parc. Kessels et le capitaine Boucher réunirent 23 hommes déterminés et cette petite troupe se porta au pas de course en face de l'escalier de la bibliothèque, où se trouvaient les caissons adossés à la haie du parc. Un feu épouvantable fut vomi sur eux. Ils tombaient un à un, les survivants continuant cette besogne au milieu de cet ouragan de balles. Enfin, ils parvinrent à dégager les caissons et les entraînèrent vers les escaliers de la bibliothèque. Ils étaient partis 23, ils n'étaient plus que 6... Ils avaient été renforcés par le second contingent de volontaires, parti de Fleurus le 25 au matin et arrivé le soir du même jour.

Vers midi, des colonnes de fumée couvrirent tout à coup le parc, et au même moment, on vit briller des flammes. Il en résulta une grande inquiétude, mais on apprit ensuite que ce n'était pas le palais des Etats généraux qui brûlait, mais bien le vaste hôtel Torrington, qui y est attenant, ainsi que les bâtiments voisins.

La nuit du 26 au 27 se passa à renforcer les travaux de préparation des attaques qui devaient être livrées le lendemain, mais ces préparatifs furent inutiles car lorsque sonna le branle-bas aux premières heures du 27, les Belges purent pénétrer librement dans le parc. Les Hollandais avaient mis la nuit à profit pour l'évacuer. Le gouvernement provisoire, voulant reconnaître les prodiges de valeur de Boucher et des Volontaires de Fleurus, nomma le premier officiellement commandant et le chargea de lever des corps francs. Ces corps francs avaient pour instruction de harceler l'ennemi dans sa retraite, de l'observer et de l'inquiéter sur ses flancs et sur ses derrières.

Après les combats de Bruxelles, les Volontaires de Fleurus furent chargés de la garde du palais du Roi, dont ils prirent possession au nom de la Nation. Ils couchèrent alors dans les salons dorés dont ils foulèrent les riches tapis. Mais ils n'y restèrent pas longtemps, désireux de prendre part aux nouveaux combats qui marquèrent la retraite des Hollandais vers Louvain et Anvers. Ils se distinguèrent notamment à Lierre, Waelhem et Berchem. Leurs exploits furent commentés comme avaient été ceux des journées de Bruxelles. Et les annales des diverses campagnes qui suivirent portent de nombreuses traces de l'audace de Boucher et de ses ardents compagnons de Fleurus. »

Les volontaires ont été accueillis à Fleurus avec ferveur et le vin d'honneur a été servi à l'hôtel de ville en cette occasion. De nombreux habitants des villages voisins avaient d'ailleurs fait le déplacement. Moins d'un an plus tard, Fleurus a une nouvelle fois contribué a repoussé les Hollandais lors de la Campagne des Dix-Jours en 1831. En effet, le premier ban de la garde civique a été appelé à combattre et fut placé sous les ordres du capitaine Hubert Bayot.

Drapeau d'honneur de Fleurus


Suite à l'implication de Fleurus dans la Révolution, la ville figure parmi les communes a avoir reçu un drapeau d'honneur des mains du roi Léopold Ier en 1832. La délégation qui est allée chercher ce drapeau était composée du bourgmestre Jean-Jacques Gailly et des volontaires François Rudilan, Jean-Joseph Gonne et Anselme Piton. Ce drapeau est aujourd'hui conservé au premier étage de l'ancien hôtel de ville. Des volontaires fleurusiens ont également été décorés par la Croix de fer, instaurée en 1833 pour récompenser ceux qui ont oeuvré en faveur de la Révolution belge. Il s'agit de Charles Boucher, Jean-Joseph Gonne, Victor Fichefet, Renaud Antoine, Louis Senterre et M. Virgin. Le drapeau qui a servi aux volontaires lors de leurs combats se trouve, lui, dans les collections du Musée de l'Armée.

Lors des Fêtes du Cinquentenaire de la Belgique en 1880, Jean-Joseph Sauvelon, porte-drapeau des volontaires de Fleurus, faisait partie du cortège historique des volontaires, aidé par ses deux fils. Il a d'ailleurs été peint avec son drapeau par Camille Van Camp dans un tableau intitulé "Episode de la fête patriotique célébrée à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance de la Belgique, 16 août 1880". Ce tableau s'est trouvé un certain temps au Palais de la Nation.

Vincent Leroy, président de Pro Belgica Hainaut
Valentin Dupont, secrétaire de Pro Belgica Hainaut

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