Le 13 juin 2009 à Orroir |
Gilberte Tilly est une personnalité hors du commun, qui apportait un témoignage important, du fait de sa rareté et de sa valeur humaine. Comment peut-on traverser une horreur pareille à celle des camps de concentration, comment peut-on se reconstruire, survivre, après avoir été confronté à une telle expérience ?
Lors de ses nombreux passages à Orroir aux cérémonies du Drapeau éternel, Gilberte Tilly livrait une partie de ses réponses.
En 2009, lors d’une conférence à la salle des fêtes de Mont-de-l’Enclus, Gilberte Tilly avait racontant son parcours, son chemin de vie. Témoignage essentiel, pour la leçon de vie qui l’accompagne, mais aussi afin de perpétuer la mémoire. En 2009, où l’on célèbre tristement les 75 ans de l’accession du nazisme au pouvoir, il était indispensable de rappeler que l’extrême-droite, quelle qu’en soit la forme, est toujours pernicieuse et dangereuse. Aujourd’hui encore, plus que jamais.
Le 13 juin 2009 : à Orroir, Gilberte Tilly témoigne devant la plaque commémorative des disparus dans les camps d'extermination (dont Agnès Dogimont exterminée à Ravensbrück) |
En 1940, Gilberte à 15 ans quand la guerre éclate.... Immédiatement, elle se met au service de la Résistance.
Son rôle consistait principalement à récolter le plus de renseignements sur la base aérienne de Chièvres.
Malheureusement, à la suite d'une dénonciation par des collaborateurs Rexistes de la Ville, elle a été arrêtée, avec 2 autres résistants, dans la nuit du 13 et 14 septembre 1943.
Après avoir été transférée dans la prison de Mons puis à la prison de Bruxelles..., c'est là qu'au nom du Führer, le grand conseil de guerre de la Luftwaffe la condamna à la peine de mort pour espionnage.
Quelques semaines plus tard, on lui annonça son départ pour l'Allemagne... et plus précisément à Ravensbrück, le ravin de la mort !
Voilà ce que Gilberte Tilly en disait : « (...) Vous ne sauriez comprendre ce que ce mot Ravensbrück évoque encore aujourd'hui dans mon esprit. De tout ce que j'avais vu, de tout ce que j'avais subi de la part des nazis avant mon arrivée. Ravensbrück était le bouquet: misères, souffrances, froid, horreur, mort...! Les camps d'extermination étaient le symbole absolu de l'horreur, des grandes machines à tuer. Pour les nazis l'extermination devait être totale et toutes les cendres dispersées. A Ravensbrück elles étaient jetées dans le lac! (...) Nos gardiens nous ont remis aux mains des S.S., à l'entrée du camp sous le panneau "Arbeit macht Frei". Dès cet instant nous suffoquions, car une odeur nous prenait à la gorge. D'une haute cheminée sortaient des flammes rougeâtres. Nous pouvions penser d'abord qu'il s’agissait de la cuisine. Nous devions apprendre le lendemain que cette cheminée était celle du four crématoire et nous étions terrifiées à la pensée qu'un jour peut-être proche, nos pauvres corps déjà épuisées, alimenteraient ce brasier immonde! Des 32 femmes qui composaient notre convoi à notre départ de Bruxelles, deux seulement sont rentrées en Belgique: Madame Josée Van Durme de Waterloo et... moi-même (...) ».
En août 2009 pour un témoignage, en compagnie du président Jean-Paul Béghin |
Gilberte a été affamée, torturée, soumise à des expériences médicales.... Grâce à la solidarité entre détenues, une volonté sans faille et à deux doctoresses prisonnières, une polonaise et une tchèque qui lui faisaient des piqûres procurées frauduleusement, au risque de leur vie afin de "soutenir son cœur", Gilberte a échappa miraculeusement à la mort.
Le 11 juin 2011 à Orroir : Gilberte Tilly écoute son message que lisent les enfants du "Relais de la Mémoire" |
Le 11 juin 2011 à Orroir : Gilberte Tilly et son mari, Alphonse Wilmotte |
A plus de 80 ans, Gilberte apportait son témoignage, principalement auprès des jeunes dans les écoles. Elle invitait à ne jamais oublier le sacrifice de ceux qui ont donné leur vie, résistants et soldats, pour que nous puissions vivre LIBRES : « CELUI QUI NE SE SOUVIENT PAS DU PASSE EST CONDAMNE A LE REVIVRE », disait-elle sans cesse.
Ce témoignage est signé Jean-Paul Béghin, président du Comité et du Relais de la Mémoire de Mont-de-l'Enclus et membre de Pro Belgica Hainaut. Nous l'en remercions ainsi que pour les documents photographiques qu'il nous a transmis et qui appartiennent à Jean-Marc Desseyne, Philippe Duponcheel et Laetitia Busine.
Dommage que ce titre lui a été remis par le Parlement "wallon", une création du racisme jacobin...
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