Né en 1788 en Espagne, don Juan van Halen descend d'une famille patricienne originaire de Weert au Limbourg. De génération en génération, ses ancêtres étaient notaires, avocats ou juges de paix, ainsi que bourgmestres de Weert. Son grand-père Joannes Antonius s'installe en Espagne. Juan van Halen entre dans la marine royale espagnole dont il gravit rapidement tous les échelons : il est nommé sous-lieutenant de frégate en 1806 et participe notamment à la bataille de Trafalgar et à la guerre du Caucase. Il parle l'espagnol, l'anglais et le français.
Ayant pris part aux côtés des révoltés aux guerres civiles qui déchirent l'Espagne, Juan van Halen part en exil en attendant qu'on le rappelle dans sa patrie. Après avoir voyagé aux Etats-Unis et au Mexique, il décide en 1826 de retourner avec son épouse et leurs deux fils dans le berceau de ses ancêtres. La famille habite d'abord Chaudfontaine, où Juan van Halen entreprend d'écrire ses mémoires et de raconter les batailles auxquelles il a participé. C'est là qu'il devient ami avec le jeune avocat et journaliste liégeois Charles Rogier.
En 1829, Juan van Halen s'installe à Bruxelles où des émeutes éclatent en août 1830 suite à la représentation de "La Muette de Portici" au Théâtre Royal de la Monnaie. Devant l'inertie des autorités, des bourgeois bruxellois créent une garde bourgeoise dont il fait partie. Le roi Guillaume d'Orange reste sourd aux revendications des Belges, et les troubles se poursuivent. Charles Rogier arrive de Liège avec plus de 300 volontaires. Le 24 septembre, Juan van Halen (42 ans) est nommé commandant en chef des forces actives de la Belgique, et c'est donc lui qui dirige les volontaires belges lors des combats autour du parc royal et de la place Royale contre les soldats de l'armée néerlandaise. La tâche n'est pas aisée, comme il l'écrit le 25 septembre :
"Le caractère particulier des combattants qui composaient notre armée de citoyens, joint aux habitudes d'insubordination qu'ils avaient contractées lors des journées précédentes, en avaient fait autant de généraux que de soldats. Avec le jour cessa le feu et la sécurité de la ville fut à nouveau abandonnée à la garde d'une centaine de braves exténués de fatigue et je n'avais en mon pouvoir aucun moyen pour l'éviter. Dès le soir, j'avais placé des postes aux principaux points qu'il importait de conserver, avec ordre de ne laisser partir aucun volontaire ; et c'est dans la force de leurs habitudes que postes et volontaires quittèrent le champ de bataille pour aller remplir les tavernes où ils se racontaient leurs exploits".
Le lendemain, il écrit : "Toutes ces opérations exécutées à la vue d'une armée considérable, occupant la position militaire la plus avantageuse, eurent lieu avec plus de précisions et d'hommes que l'on pouvait en attendre de simples volontaires, pleins d'ardeurs à la vérité, mais sans discipline et n'ayant parmi eux que quelques anciens militaires".
Dans la nuit du 26 au 27, les troupes hollandaises quittent le parc royal. Juan van Halen fait annoncer la victoire au gouvernement provisoire installé à l'hôtel de ville de Bruxelles. Son expérience militaire aura été très utile. Au cours des combats de fin septembre, 456 citoyens belges sont décédés, 1226 blessés et 122 prisonniers.
Après l'indépendance de la Belgique, le gouvernement provisoire le nomme lieutenant général. En 1835, Léopold Ier l'autorise à rentrer en Espagne où il reprend rang dans l'armée. Il sera ensuite capitaine général de la Catalogne (de 1840 à 1842) et président du tribunal de guerre de la marine (de 1854 à 1856). Juan van Halen revient cependant régulièrement en Belgique où il est reçu par le roi Léopold Ier. Il décède à Cadix en 1864.
Près d'un siècle et demi plus tard, une membre de sa famille, l'avocate bruxelloise Anne-Marie Storrer, décide de lui rendre hommage et d'écrire sa biographie en 2005 à l'occasion des 175 ans de l'indépendance de la Belgique.
Vincent Leroy
Président de Pro Belgica Hainaut
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