La famille de Rouillé est originaire de Touraine et dispose d'un hôtel particulier à Paris. Mais Louis de Rouillé (1739-1814) n'est pas bien vu au sein de l'aristocratie française : Parisien raffiné, libertin effréné, il dilapide la fortune ancestrale des Rouillé.
En 1777, Louis épouse une Hennuyère : Angélique Pollart (1756-1840), fille unique de Ferdinand Pollart de Herimez (qui gérait la châtellenie d'Ath) et d'Antoinette de Pestre dont la famille a construit le château de Seneffe. La famille Pollart est établie à Ormeignies depuis le XVIème siècle et a été anoblie à la fin du XVIIème siècle. C'est donc au château d'Ormeignies qu'Angélique passe son enfance. A l'âge de 18 ans, elle rencontre son futur mari libertin et ruiné, âgé de 35 ans, à la société maçonnique mixte d'Ath, "L'Amitié ou la Parfaite Union". Le couple eut plusieurs enfants, mais ne fut guère heureux : Louis préfère Paris à son épouse, Angélique Ormeignies à son mari. Ce sont les parents d'Edouard de Rouillé.
2° Edouard de Rouillé (1786-1865)
Ex-sabreur de l'Empire et héros de Wagram, la chute de Napoléon lui fait renoncer à la carrière militaire. Il regagne ensuite le Hainaut où il fréquente aussi la loge maçonnique "L'Amitié ou la Parfaite Union". En 1815, Edouard épouse Aldegonde Van Segbroeck, fille d'un riche marchand de draps et ancien maire d'Ath qui reçut dans son hôtel particulier le roi Louis XVIII lors de son passage à Ath! Edouard refusa de travailler pour ses beaux-parents, et se lança en politique : membre des Etats de Hainaut, commandant de la garde bourgeoise de 1830, membre du Congrès National 1830-1831, bourgmestre d'Ath de 1830 à 1833, sénateur de 1831 à 1848. En 1857, il reçoit le titre de comte qu'il peut transmettre à son fils Adhémar.
3° Son rôle dans les événements de 1830
Dans un contexte économique et social déprimé, les événements bruxellois attisent la colère des Athois contre le gouvernement de La Haye. Les autorités communales comptent sur la garde urbaine pour les préserver des excès populaires. L'entente règne entre le bourgmestre Ricart du Régal et Edouard de Rouillé, nommé dès le 28 août commandant en chef de la garde urbaine par le conseil de Régence. La garde urbaine, forte de 500 hommes, répartie en sections de 20 hommes, patrouille toute la nuit du 29, rétablit l'ordre, mais n'empêche pas l'enlèvement des armes royales des bureaux des domaines et des messageries.
Edouard de Rouillé est impliqué dans la révolution bien malgré lui, sur l'insistance de quelques jeunes qui "lui dirent que son refus était très mal interprété et pourrait être dangereux qu'on s'était déjà attroupé près de sa maison où sa femme et ses enfants étaient très alarmés".
Le 18 septembre, il rappelle aux hommes et aux officiers le devoir d'observer strictement les consignes et de s'acquitter scrupuleusement de son service, tandis que "Le Courrier de l'Escaut" ranime l'élan patriotique de la fin du mois d'août. Dès lors, les incidents se multiplient : les militaires hollandais sont injuriés et agressés par les patriotes.
La révolution de 1830 est-elle une révolution nationale? La Régence d'Ath est partagée : à côté d'un bourgmestre orangiste (Ricart du Régal), de conseillers francophiles (Delescluse père et fils) et de quelques patriotes (L. Defacqz et E. Dupret), on relève de nombreux hésitants. Eugène Defacqz (qui n'est pas conseiller de Régence) est pratiquement le seul à afficher publiquement ses sentiments patriotiques belges dès la fin du mois d'août. Il entraîne dans son sillage quelques libéraux comme Emmanuel Dupret (futur bourgmestre de Tongre-Saint-Martin) et l'avocat Maximilien Deghouy. Les autres préfèrent attendre les événements. Si la bourgeoisie demeure prudente, la noblesse reste longtemps loyaliste à l'égard de Guillaume Ier : le prince Eugène de Ligne et le comte Edouard de Rouillé craignent l'anarchie.
Plus d'infos sur la révolution de 1830 dans la région d'Ath : lien
Le comte Edouard de Rouillé est ensuite membre du Congrès National en 1830 et 1831.
4° Son décès
Le comte Edouard de Rouillé décède en 1865 et est inhumé dans la crypte de sa famille. Construite contre l'église d'Ormeignies, elle compte 26 caveaux dont 16 sont occupés. La première inhumation eut lieu en 1809 et c'est Edouard (fils d'Adhémar et petit-fils d'Edouard), dernier comte de Rouillé, mort sans descendance, qui est le dernier à y avoir été enterré en 1938. Ses deux sœurs avaient épousé des comtes d'Ursel, et le château d'Ormeignies fut vendu et démoli avant la deuxième guerre mondiale. Seule cette crypte à Ormeignies rappelle l'histoire des comtes de Rouillé.
Vue générale de la crypte en 1991 © asbl Les Amis d'Angélique de Rouillé |
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Sources :
- Site Internet de l'asbl Les Amis d'Angélique de Rouillé
- "Richesse oblige : la Belle Epoque des grandes fortunes" d'Eric Meuwissen (éditions Racine, 1999)
- "La révolution de 1830 au pays d'Ath" de Jean-Pierre Delhaye (annale du Cercle Royal d'Histoire d'Ath, 1982/1983)
Comte Édouard Louis Isidore de Rouillé 1786/07/14 Ath 1865/09/10 Ormeignies Campagnes de 1806-1807–1809-1812-13-14-15 – Capitaine de cavalerie dans la Garde- Chevalier de la Légion d'Honneur – Médaillé de Sainte-Hélène.
RépondreSupprimerMerci pour ces précisions!
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