dimanche 22 janvier 2017

Le prince Antoine de Ligne en Antarctique

Ceci est un résumé d'un article d'une brochure de l'Association pour la Sauvegarde du Patrimoine de Beloeil. 

Le 12 novembre 1957, le prince Antoine de Ligne quitte la Belgique pour représenter notre pays pendant dix-sept mois aux travaux de l'Année Géophysique Internationale. L'objectif était d'explorer les terres inconnues d'Antarctique, difficile à répertorier géographiquement car le continent était très vaste. Ce travail permettrait d'installer des points de ravitaillement et de réaliser des observations stratégiques pour les équipes futures. 

L'Année Géophysique Internationale était un événement de la plus haute importance dans le domaine de la collaboration scientifique internationale. Il engageait les pays intéressés par l'Antarctique à mettre sur pied un maximum de programmes d'observations géophysiques simultanés entre le 1er juillet 1957 et le 31 décembre 1958, une période jugée propice par les spécialistes en raison de l'intensité de l'activité solaire qui devait être maximale entre ces deux dates. Dans le passé, deux années polaires internationales avaient déjà été organisées (l'une en 1882-1883 et l'autre en 1932-1933) mais elles ne concernaient que l'Arctique. Douze pays prirent part au projet de l'Année Géophysique Internationale en construisant 40 stations sur le continent et 20 autre sur les îles antarctiques et subantarctiques. 

L'expédition belge était dirigée par le commandant Gaston de Gerlache de Gomery, ancien pilote de la Royal Air Force et fils d'Adrien de Gerlache de Gomery qui avait effectué le premier hivernage austral de l'histoire en 1898 à bord du "Belgica". Première mission pour Gaston de Gerlache de Gomery : trouver les 54 millions de francs belges nécessaires. Grâce au soutien de la famille royale, le gouvernement belge lui octroie 40 millions. 7 millions lui sont octroyés sous forme de subsides privés et les 7 derniers millions sont récoltés grâce à des prêts gratuits ou des dons. Il faut aussi ajouter les aides directes en matériel : carburant, médicaments, chargements des navires, équipements radio et audio-visuels.

Deux navires norvégiens sont chargés de transporter les 17 hommes (des scientifiques principalement) et le matériel sur place. Le "Polarhov" (54,5 m de long et 9,6m de large) est un brise-glace flambant neuf équipé d'un pilote automatique et d'un radar. Le deuxième bateau, le "Polarsirkel", est un phoquier qui a déjà conduit une expédition norvégienne dans l'Antarctique un an plus tôt. Sur ces deux navires sont chargés 440 tonnes de matériel enfermé dans 2.350 caisses, 850 fûts de carburant, trois véhicules chenillés, un avion et un hélicoptère. Le départ a lieu le 12 novembre 1957 au port d'Anvers. 

Le Polarhov quittant l'Antarctique pour regagner la Belgique


Le 26 décembre 1957, les deux bateaux arrivent à la Terre de la Reine Maud. Les membres de l'expédition belge commencent par installer la Base Roi Baudouin. Afin de ne pas manquer de vivres et de matériel lors des raids, des dépôts sont installés en d'autres endroits. 

Un blizzard soufflant à plus de 120 km/h se lève 14 jours après que l'expédition ait mis pied à terre. Les hommes vivent 48h de calvaire. Le déchargement n'étant pas encore terminé, on assiste à un indescriptible chaos. Le toit des cabanes manque de se disloquer, les dépôts déjà plus ou moins en place se retrouvent enfouis sous deux mètres de neige, un panneau envolé a endommagé les gouvernails de direction de l'avion... Dehors, la visibilité dépasse à peine un mètre et le vent étouffe ceux qui s'aventurent à l'extérieur. Il est impossible de progresser autrement qu'à quatre pattes.

Construite sous la forme d'un L, la Base Roi Baudouin comprend, entre autres, un local radio, les chambres (Gaston de Gerlache de Gomery avait tenu à ce que chacun ait son propre espace d'intimité, si réduit fut-il), une bibliothèque, une cuisine, un living, le local Power (32 mètres carrés) qui contenait les trois groupes électrogènes et les cuves d'eau, une infirmerie, le bureau du chef d'expédition. Le confort de la base est relatif mais appréciable : il y a l'électricité et le chauffage central (à pulsion d'air chaud) dans toutes les pièces, ainsi que de l'eau courante chaude et froide. Le réveil a lieu chaque matin en musique à 7h30. En dehors de la base, il y a deux hangars (un pour l'avion et un pour l'hélicoptère), de nombreux mâts pour les antennes et une tour de 6m en tubes métalliques creux pour placer la radiothéodolite. A 150 mètres des bâtiments principaux, dans une zone délimitée d'un hectare, interdite à tout objet ferreux, ont été construits les deux pavillons de géomagnétisme. 

La base construite, les observations scientifiques et géographiques peuvent commencer. Les hommes indispensables au bon fonctionnement de la base restent sur place afin de faire fonctionner les appareils de la station. Second pilote et assistant météorologue, le prince Antoine fait partie des expéditions. Le but des raids était d'explorer une chaîne de montagnes situées à 150km de la base, "les Sor Rondanes", et de pousser 120km au sud-est afin d'explorer de nouvelles montagnes répertoriées et aperçues lors des premiers vols de reconnaissance. Celles-ci deviendront ensuite les Monts Belgica. 

L'avion Auster piloté par le prince Antoine

Le 5 décembre 1958, voulant rejoindre le commandant de Gerlache de Gomery et le géodésien Jacques Loodts, l'avion du prince de Ligne et du mécanicien Hulshagen heurte à l'atterrissage une série de glaces figées pouvant atteindre un mètre de haut. Les quatre naufragés s'abritent sous la tente pendant quelques jours et attendent d'éventuels secours. Dans toute expédition, chaque homme est porteur de 15 jours de vivres. 

Après avoir laissé un message dans l'avion couché sur le flanc signalant leurs intentions, les quatre hommes décident le 11 décembre d'entreprendre le voyage de retour à la Base Roi Baudouin par leurs propres moyens. Mais ils progressent difficilement : 20km par jour quand tout va bien.

L'avion après l'accident


Inquiets de la disparition de leurs compagnons, les autres membres de l'expédition lancent un appel au secours. Installés en Antarctique à 1.200km de la Base Roi Baudouin, les scientifiques soviétiques proposent à la radio de venir en aide aux Belges à condition que ceux-ci aient de l'essence en suffisance pour couvrir le sauvetage. 

Après deux jours de recherche, le C47 de la base de Mirny découvre l'avion Auster du prince de Ligne et le message laissé par les Belges. Le lendemain, ils aperçoivent un camp abandonné : tentes vides, matériel et vivres éparpillés, traîneau retourné et cassé, appareil photo et d'autres objets appartenant aux quatre naufragés. On apprendra plus tard qu'ils s'étaient défaits du superflu pour progresser plus rapidement. 

Le prince Antoine et Victor Pérov après le sauvetage
Le pilote russe Victor Pérov passe la contrée au peigne fin et arrive à les localiser, sains et saufs. Tout est bien qui finit bien... Début 1959, une nouvelle équipe belge arrive en Antarctique pour assurer la relève à la Base Roi Baudouin. 

Le jeudi 2 avril 1959, 25.000 personnes se sont déplacées sur les quais d'Ostende pour accueillir les membres de l'expédition qui reviennent en Belgique à bord du "Polarhov" (qui signifie "port polaire" en norvégien). Dans la cale se trouvent 54 caisses de documents, de notes et d'archives scientifiques sur l'Antarctique. Le roi Baudouin des Belges, le prince Charles de Luxembourg et la famille princière de Ligne montent à bord. A leur descente du bateau, les héros passent en revue un détachement de la Force Navale venu leur rendre les honneurs. Deux réceptions officielles les attendent : une offerte par la Ville d'Ostende et une seconde au Palais Provincial de Bruges.

L'entrée du Polarhov dans le port d'Ostende (photo de presse de l'époque)

Les autorités accueillent le prince de Ligne


Le prince Antoine et sa famille prennent ensuite la direction de Beloeil. Les rues menant à la maison communale sont pavoisées et garnies d'arcades printanières. Les fenêtres des maisons et du château arborent les drapeaux belge et des Ligne. La foule a envahi la grand-place, l'entrée et les pelouses du château. Le cortège est accueilli par une vibrante Brabançonne. Arborant une barbe de plusieurs jours et vêtu de l'uniforme des membres de l'expédition, le prince est accueilli par le bourgmestre Jean Dulac, les responsables politiques communaux, le doyen de Beloeil, les enfants des écoles, les groupements patriotiques, les associations culturelles et folkloriques locales, etc. Après une réception à la maison communale, la famille princière gagne à pied leur demeure sous les vivats des habitants et les trompes du Rallye Beloeil de Ligne qui se mettent à sonner. 

Retour à Beloeil

Le prince Antoine de Ligne et Victor Pérov sont décédés en 2005. Ils s'étaient revues en 2001 à la résidence de l'ambassadeur belge à Moscou lors d'une réception au cours de laquelle le prince Philippe a remis les insignes de Commandeur de l'Ordre de la Couronne à Victor Prérov. Le baron Gaston de Gerlache de Gomery est décédé en 2006.

Vincent Leroy
Président de Pro Belgica Hainaut

Source des infos : GOFFIN Josée (1999), « Beloeil : le voyage du prince de Ligne dans l'Antarctique », Coup d'oeil sur Beloeil, vol. 11, n° 79, pp. 60-69

lundi 9 janvier 2017

La FNAPG dans le Hainaut

La FNAPG (Fédération Nationale des Anciens Prisonniers de Guerre) édite un journal bimestriel et bilingue destiné à ses membres. Plus d'infos : fnapg@skynet.be  Voici quelques informations du numéro de décembre 2016 - janvier 2017 qui concernent des sections hennuyères. 



FNAPG Ath (168 membres) 

Vœux du président Christian Crombain : "Le Comité du G.R. Ath et moi-même adressons à tous les membres prisonniers de guerre, veuves et sympathisants, ainsi qu'à leur famille, nos meilleurs vœux de bonne et heureuse année, et surtout de bonne santé. Rappelons qu'il est important de continuer à soutenir la FNAPG en se mettant en règle de cotisation afin de participer à l'entraide et à la solidarité qui unissent les camarades prisonniers de guerre. Encore une fois, de tout cœur, bonne année et bonne santé à tous". 

Le banquet traditionnel de la FNAPG Ath aura lieu le samedi 29 avril 2017 à la salle du traiteur Gueret à Bauffe.  

FNAPG Centre-Soignies (289 membres) 

Vœux du président Julien Sauvage : "Monsieur Julien Sauvage, président du G.R. Centre-Soignies, et le comité présentent à tous leurs membres (prisonniers de guerre, veuves et sympathisants) leurs meilleurs vœux pour l'année nouvelle. Que 2017 soit une année remplie de joie, de paix et surtout de bonne santé pour vous tous et vos familles". 

FNAPG Charleroi (547 membres) 

Vœux du président Paul Durvaux : "Bonne et heureuse année à vous et à tous ceux qui vous sont chers. Le président Paul Durvaux et son comité vous présentent leurs meilleurs vœux. Que cette nouvelle année vous soit agréable et vous apporte les satisfactions que vous attendez. Soyez assurés de notre présence attentive tout au long des jours de 2017. Que la providence vous ait en sa sauvegarde et tienne les soucis à l'écart de votre chemin". 

FNAPG Mons (377 membres) 

Vœux du président Robert Thomas : "Que de fois n'entendons-nous pas "Que le temps passe vite...". On l'apprécie lorsque le bonheur l'accompagne, on espère qu'il fuie plus vite encore lorsque le malheur s'y installe. Au fil du temps, les années s'accumulent et nous donnent aussi plus d'occasions de célébrer des anniversaires. Durant cette année 2016, nous avons eu la joie de fêter quelques centenaires. Nous commémorerons en 2017 le 70ème anniversaire de notre fédération. En 2018, il y aura cent ans que le premier conflit mondial se terminait par l'Armistice du 11 novembre. Le temps ne doit pas nous faire oublier. "J'ai un profond respect des dates anniversaires. Ces portes que le temps dispose autour de nous pour ouvrir un instant nos cœurs à ses mystères et permettre au passé de voyager vers nous" (Yves Duteil). Reste à souhaiter à nos anciens prisonniers de guerre, à leurs veuves, enfants, membres sympathisants, ainsi qu'à tous ceux qui y travaillent, beaucoup de temps et de rendez-vous heureux à partager avec celles et ceux qui nous entourent et que nous aimons. Nous vous souhaitons santé et bonheur pour l'année nouvelle". 

Section Ciply : La section de Ciply de la FNAPG et de la FNC ont rendu hommage, le 11 novembre, aux valeureux de la section qui sont décédés pour que nous vivions librement aujourd'hui. Un dépôt de fleurs au monument aux morts de la commune a eu lieu en présence de l'échevin Nicolas Martin (représentant la Ville de Mons), de Jean-Pierre Dupont (conseiller communal, président de la FNAPG Ciply, fils de prisonnier de guerre) et de Claude Fretin (président de la FNC Ciply). Le drapeau de la section FNAPG était présent. La délégation s'est ensuite rendue au cimetière, où un hommage a été rendu à un militaire britannique, ainsi qu'à la stèle commémorant les victimes des deux guerres. La cérémonie s'est terminée par le verre de l'amitié à la Maison du Peuple de Ciply.  

Section Frameries : 100ème anniversaire d'Elie Smal le 21 novembre 2016. Natif de Saint-Aubin, il a effectué son service militaire en 1936 au 13ème de ligne à Namur. Rappelé sous les drapeaux à plusieurs reprises entre 1938 et 1939, il s'engage ensuite dans la gendarmerie. C'est sous cette étiquette qu'il intègre l'armée belge dans un escadron léger lors de la mobilisation de mai 1940. Fait prisonnier en Flandre au cours de l'avancée allemande, il est déporté au Stalag I A situé à Koeninsberg en Prusse orientale, où il séjourne durant cinq longues années dans des conditions difficiles (froid, faim, promiscuité, humiliations instaurées par les gardiens). A la fin du conflit, suite à la percée de l'armée russe sur le front de l'est, Elie Smal est contraint par ses geôliers d'effectuer des marches forcées en direction de l'Allemagne. C'est près de 1.200 km à pied en plein hiver qu'il parcourut... A proximité du Danemark, il fut libéré par les troupes britanniques. De retour en Belgique, il retrouva sa marraine de guerre Renée qui lui écrivait des lettres de réconfort et d'encouragement. Ils se marient un an plus tard, et auront deux enfants. A l'occasion de son 100ème anniversaire, la FNAPG lui a décerné, pour les services rendus et son dévouement, la Croix de vermeil ainsi que le diplôme d'honneur. La Ville de Mons était représentée par son bourgmestre Elio Di Rupo et les échevins Catherine Houdart et Achille Sakas. La commune de Frameries par le bourgmestre Jean-Marc Dupont et l'échevin Pol Bouviez (également responsable de la section FNAPG Frameries). 

FNAPG Tournai (279 membres) 

Vœux du président Joseph Henneghien : "Chers membres, nous voici, une fois de plus, arrivés à la période dite festive pour chacun d'entre nous. C'est le moment d'en dresser le bilan. Cependant, ne soyons pas défaitistes et regardons bien les choses en face. Cette année, comme celles qui ont précédé, a eu son lot de décès parmi les anciens prisonniers de guerre. A ce jour, il en reste trois dans la région qui s'étend de Comines à Bernissart. C'est le propre de la Vie ici-bas. Nous ne sommes pas, hélàs, éternels. A chaque décès, les responsables du groupement ont fait leur possible pour assister aux funérailles, ainsi que réconforter les familles endeuillées, voire les aider dans leurs démarches administratives si besoin. Mais il faut enlever la dernière page du calendrier et arriver dans une année 2017 qui verra la fédération fêter dignement le 70ème anniversaire de la FNAPG par feu son président Raoul Nachez, bien connu de nous tous. Faisons confiance à nos dirigeants nationaux qui oeuvrent pour l'instant à la préparation de cette manifestation à laquelle nous serons tous invités. Dès que vous en serez informés, bloquez la date à votre agenda, à votre calendrier, avertissez vos proches, vos enfants et petits-enfants afin d'assurer votre présence à cette rencontre qui sera pour nos anciens un dernier rendez-vous de camaraderie et de solidarité. Aussi je vous invite fermement à préserver votre santé pour être prêts et présents. Pour en terminer, Mme Carine Coulon, vice-présidente, et moi-même, vous adressons tous nos vœux les plus chers pour une santé prospère en 2017. Réjouissez-vous en passant de bonnes et joyeuses fêtes de Noël et de Nouvel An. Bonne année! Bonne santé!". 

Section Brunehaut : décès d'Antoine Faucon (105 ans et 8 mois), dernier prisonnier de guerre de la section, prisonnier au Stalag II B en Pologne de 1940 à 1945. 

Section Pecq/Hérinnes/Warcoing : décès de René Jubaru (96 ans), prisonnier de guerre au Stalag XIII A de 1940 à 1941, renvoyé dans son foyer pour cause de sérieuse maladie, et décès de Louis Nutin, dernier prisonnier de guerre de la section, prisonnier au Stalag XIII C de 1940 à 1945, président de la section durant quelques années. Tous deux étaient agriculteurs, et leurs fermes étaient distantes de moins d'un kilomètre l'une de l'autre.