lundi 23 janvier 2012

La province du Luxembourg

Le territoire que l’on désigna par la suite sous le nom de « Luxembourg » était, avant la conquête romaine, occupé dans sa partie méridionale par les Trévires et dans sa partie septentrionale par divers petits peuples, clients de Trévires. Il fit partie successivement de l’Austrasie et de ce comté lotharingien d’Ardenne qui fut partagé, vers le milieu du Xe siècle, entre les enfants du comte Ricuin : Godefroid reçut le comté de Verdun et de Bouillon, Sigefroy le comté de Luxembourg, Othon le comté de Bar cependant qu’Arnould de Granson, époux de Mathilde d’Ardenne, devint le premier comte de Chiny.



Sigefroy
Le château principal du fief de Sigefroy ne faisait pas partie du patrimoine de celui-ci. Il semble qu’il obtint de l’évêque de Trèves dont il était l’avoué. Dans l’acte de l’an 963 qui fait mention de cette cession – acte évoqué par Bertholet mais dont l’authenticité est douteuse - ce château porte le nom de « Luzenlinburhut » qui devint plus tard « Lützel burg » ou « petit château » qui, francisé en « Luxembourg », devint le nom du comté et de la dynastie .







Frédéric succéda à son père Sigefroy, vers l’an 998. Il mourut en 1039 et laissa le comté de Luxembourg à son fils, Gislebert, qui le transmit, en 1057, à Conrad Ier. Guillaume Ier hérita de son père vers l’an 1086. La première race des seigneurs de Luxembourg s’éteignit vers 1136 par la mort de Conrad II, fils unique de Guillaume Ier, à qui succéda son beau-frère Godefroid de Namur. Le pays passa ensuite de Henri Ier l’Aveugle, comte de Namur, à sa fille unique Ermesinde qui, de son mariage avec Waleran de Limbourg, eut deux fils : Henri II, fondateur de la deuxième maison de Luxembourg, et Waleran, souche de la branche Luxembourg-Chiny. La maison de Luxembourg connut de brillantes destinées. Pendant un siècle (1308-1411), ses membres revêtirent la dignité impériale. Elle donna des rois à la Bohème et deux connétables à la France.

Le sarcophage d'Ermesinde en l'abbaye de Clairefontaine à Arlon


Mort de Jean l'Aveugle, roi de Bohême, lors
de la bataille de Crécy (par C. Delori)
Henri III devint comte de Luxembourg en 1274. Il fut tué à la bataille des Woeringen, au moment, prétend la chronique, où il allait occire de sa main le duc Jean Ier de Brabant. Son fils, Henri IV, régna pendant sa minorité, sous la régence de sa mère, Béatrice d’Avesnes ; il fût élu empereur d’Allemagne et confia le Luxembourg à son fils, Jean l’Aveugle. Celui-ci devint roi de Bohême. Bien qu’atteint de cécité, il se fit tuer, à la tête de sa garde luxembourgeoise, par les anglais à la bataille de Crécy, en 1346. Wenceslas Ier (1346-1383), Wenceslas II (1383-1419), tous deux empereur et roi de Bohême, puis Sigismond, également empereur et roi de Pologne et de Bohême, furent successivement ducs de Luxembourg. La branche ainée de la maison de Luxembourg s’éteignit avec Sigismond dont la fille, Elisabeth, femme d’Albert de Goerlitz, hérita du duché de Luxembourg. Elle céda celui-ci à son gendre, Guillaume de Saxe, ce qui provoqua des désordres dans le pays. La duchesse Elisabeth appela à son secours son neveu, Philippe le Bon, duc de Bourgogne, qu’elle nomma mambour du duché de Luxembourg.





Philippe le Bon mit à profit cette occasion qui s’offrait à lui de se rendre maître des domaines de sa tante et, à la mort de celle-ci qui survint en 1451, il se fit inaugurer en qualité de duc de Luxembourg et comte de Chiny. Entré ainsi dans le patrimoine de Bourgogne, le duché de Luxembourg suivit ultérieurement le destin commun des autres principautés belges.

Au comté primitif de Luxembourg s’étaient ajoutés, en 1214, le comté d’Arlon et, en 1364, le comté de Chiny. Il s’accrut de nombreux autres territoires tels que l’immunité d’Echternach, la terre de Thionville, les comtés de Durbuy et de Laroche avec Marche, une partie des châtellenies de Marville et Arancy, les seigneuries de Damvillers, Bastogne, Mirwart, Orchimont et Schönecken et les prévôtés d’Ivoix et de Virton.

Démembré une première fois en 1659 par le traité des Pyrénées et une seconde fois par les traités de 1815 qui, s’ils lui ont adjoint le duché possédait dans les pays de Namur, de Liège et dans la Principauté de Stavelot, le pays de Luxembourg a été scindé par le traité du 15 octobre 1831 qui laissa au roi de Hollande la ville de Luxembourg et ses environs ainsi que le titre de grand-duc, le reste formant l’actuelle province belge. Le traité du 11 mai 1867 décida que le Grand-Duché de Luxembourg formerait un état neutre et la mort du roi Guillaume de Hollande, qui survint en 1890, mit fin à l’union personnelle entre la Hollande et le Grand-Duché.

Bernard Coomans de Brachène
Membre de Pro Belgica
Administrateur de Pro Belgica

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