lundi 13 août 2012

L'église Saint-Jacques-sur-Coudenberg


La présence d'un lieu de culte à l'emplacement actuel de l'église est attesté à partir du XIIème siècle. Deux hypothèses circulent concernant son origine : une chapelle du château des comtes de Louvain ou une église jouxtant un hôpital pour pèlerins à côté du château. La seconde semble plus vraisemblable et expliquerait pourquoi Saint-Jacques aurait été choisi.

Au fil du temps, le Coudenberg, signifiant "colline", devient un haut lieu du pouvoir. Les ducs de Bourgogne effectuent de nombreux travaux d'embellissement. L'empereur Charles Quint décide d'ériger une chapelle gothique et l'ancienne église paroissiale disparaît. Sous les archiducs Albert et Isabelle, la Cour s'installe au palais du Coudenberg, coïncidant avec une nouvelle série de travaux. Mais en 1731, le site est ravagé par un terrible incendie. La chapelle est épargnée, mais elle subsiste entourée de ruines qui attendront plusieurs années avant de disparaître.




En 1774, le prince Charles de Lorraine mène à bien un projet global pour l'ancien palais et ses alentours. Ce projet verra la construction de quatre hôtels, qui formeront plus tard, rassemblés, le Palais Royal, et bien sûr de l'actuelle Place Royale. L'ensemble est marqué par un goût pour le néoclassique. C'est pourquoi la chapelle gothique de Charles Quint a été démolie.


Les bâtiments de la Place Royale ont été dessinés par les Français Jean-Benoît-Vincent Barré et Barnabé Guimard. L'édification de l'église Saint-Jacques a débuté en 1776 et s'est terminée en 1787. L'intérieur a été conçu par Louis Montoyer. Les six colonnes corinthiennes et le fronton sont censés évoqués un temple de style gréco-romain. Et l'édifice sera bel et bien modifié en Temple de la Loi (puis Temple de la Raison) durant la période d'occupation française, avant d'être rendue au culte catholique en 1802.

L'aspect actuel de l'édifice sera achevé quelques années plus tard. En effet, en 1849, la coupole-clocher en bois a été installé par Tilman-François Suys. Quatre années plus tard, le fronton a été décoré par une fresque, La Vierge consolant les Affligés, par l'artiste peintre belge Jean Portaels. C'est également à cet artiste que l'on doit les deux tableaux installés aux extrémités du transept : La Crucifixion et La Croix. Le haut du fronton est affublé de trois statues du sculpteur Egide Mélot : Saint-Jean (gauche), Saint-Jacques (centre) et Saint-André (droite).


Le 21 juillet 1831, S.M. Leopold I, Roi des Belges, prêta le serment constitutionnel sur ce parvis

Le 21 juillet 1831, c'est sur le parvis de l'église, où une estrade a été disposée, que Léopold Ier a prêté le serment constitutionnel et est devenu le premier Roi des Belges. Une plaque commémorant l'événement a été apposée. Tous les 21 juillet, jour de la Fête Nationale depuis 1890, les quatre cloches de l'église sonnent à toutes volées alors que le Souverain arrive sur la Place des Palais pour le défilé.

La loge royale


La proximité avec le Palais Royal, en a fait une paroisse royale. Un passage relie d'ailleurs directement la loge royale - où les membres de la famille royale pouvaient venir s'y recueillir à l'abri des regards - aux jardins du Palais. Des bancs royaux se trouvent également dans le chœur. C'est là qu'ont été baptisés les enfants d'Albert Ier et d'Elisabeth : le futur roi Léopold III (1901), le prince Charles (1903) qui deviendra Régent de 1944 à 1950, et la princesse Marie-Josée (1906) qui sera pendant un mois reine d'Italie. Léopold et Astrid feront de même avec leurs enfants : les futurs rois Baudouin et Albert y sont baptisés respectivement en 1930 et en 1934, ainsi que la princesse Joséphine-Charlotte, qui deviendra grande-duchesse de Luxembourg (1927). Princes de Liège, Albert et Paola, seront le dernier couple à suivre cette tradition avec le prince Philippe en 1960 et la princesse Astrid en 1962.


Baptême du futur roi Baudouin en 1930 (© Le Soir Illustré)


Baptême du prince Philippe en 1960

C'est également dans ce lieu qu'ont été célébrées les funérailles, à quelques mois d'intervalles, du prince-régent Charles et du roi Léopold III en 1983. Le choix du lieu s'explique par la volonté de ne pas donner un trop grand cachet officiel à deux personnalités que la classe politique et la plupart des Belges avaient préféré oublier. Mais ce n'était pas la première fois que des funérailles de membres de la famille royale s'y sont tenues puisque ce fut le cas pour le comte et la comtesse de Flandre, parents du roi Albert Ier, décédés respectivement en 1905 et 1912.


Obits (de haut en bas) du roi Léopold Ier, du roi Léopold II et du roi Albert Ier


Obits (de haut en bas) du prince-régent Charles, du roi Léopold III et du roi Baudouin


Obits des comtes de Flandre, parents du roi Albert Ier. Avec (de haut en bas) le prince Philippe de Belgique, frère cadet du roi Léopold II, et la princesse Marie de Hohenzollern-Sigmaringen

C'est d'ailleurs dans ce lieu que sont conservés les obits des rois Léopold Ier, Léopold II, Albert Ier, Léopold III, Baudouin et du prince-régent Charles, ainsi que ceux des parents du roi Albert Ier. L'église sert également de diocèse pour les Forces armées et on peut trouver en son sein une plaque commémorant des victimes de la première guerre mondiale.



Texte : Valentin Dupont, secrétaire de Pro Belgica Hainaut
Photos : Yves Roland, porte-drapeau de Pro Belgica

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