vendredi 1 juin 2012

Chimay I : la ville


La ville de Chimay est située à l’extrême-sud de la province de Hainaut, sur la zone géologique dite de la bande calcaire de la Calestienne. La ville est traversée par l’Eau Blanche, cours d'eau qui y prend d’ailleurs sa source à la limite avec Momignies. Il est possible de remonter jusqu’au Xe siècle de la ville de « Cimai » ou « Cimaco », dans ses formes anciennes, même si les origines étymologiques de son nom sont impossibles à donner avec précision.

Maurice Van Haudenard, un historien régionaliste du pays wallon, a écrit cette notice historique sur la ville de Chimay (dans Grande Encyclopédie de la Belgique et du Congo, tome I, 1938, Bruxelles, Editorial-Office H. Wauthoz-Legrand, p. 143) :

« Cette ville possédait un fort au Xe siècle et elle comptait une abbaye de filles dites de Sainte-Monégonde que le comte Albert de Vermandois changea, en 940, en collégiale. La terre et seigneurie de Chimay, l’une des douze prairies du Hainaut, était, au XIe siècle, la propriété des Chimay ; elle passa en 1226 dans la famille de Soissons et, par alliance, au troisième fils de Jean II d’Avesnes, dont la fille Jeanne épousa Louis de Châtillon, comte de Blois. Elle resta dans cette dernière famille jusqu’en 1345 ; elle fut alors acquise par Jean de Croÿ, grand bailli de Hainaut. Érigé en comté en 1473, en principauté en 1486, cette terre échut par succession à la famille de Hénin-Liétard, en 1686. François-Joseph de Riquet Caraman, en hérita comme neveu du cinquième prince de Chimay ; ce prince épousa Mme Tallien dont il eut trois enfants ; l’aîné, dit le Grand Prince, fonda, en 1850, l’abbaye des Trappistes de Notre-Dame de Scourmont. […] Chimay était le siège d’une prévôté. La ville fut brûlée par les Français en 1340, et puis par Henri IV, en 1554. Don Juan d’Autriche l’assiégea en 1578. En 1595, nouveau siège, mais l’assiégeant dut se retirer grâce à la brillante défense de ses habitants. Elle subit encore deux sièges, qui y firent de grands dommages, en 1637 et 1640. Le chapitre de Sainte-Monégonde était collateur de la paroisse qui était le siège d’un décanat du diocèse de Liège. Un couvent de Récollets, avec humanités, y fut fondé en 1668. L’hôpital de la Madeleine date de 1146. »

Le château de Chimay, et les différentes familles qui l’ont successivement occupé, possède une place centrale dans l’histoire de la ville et est un repère pour les Chimaciens. Il fera d’ailleurs l’objet d’un prochain article. Sur la place située en face du château se trouve la Fontaine des Princes, érigée en 1852 à l’initiative du prince Joseph Ier, dit le Grand Prince. D’un style néo-gothique, il rend hommage à quatre personnalités de la famille qui s’y voient statufiées dans la pierre : Philippe d’Alsace de Hénin-Liétard (1646-1688), comte de Boussu, 10ème prince de Chimay, et titulaire de prestigieuses décorations et notamment de la Toison d’Or ; Pierre-Paul de Riquet (1609-1680), créateur du Canal du Midi ; François-Joseph de Riquet (1771-1843), petit-neveu du précédent, comte de Caraman et 16èmeprince de Chimay ; et Thérésa Cabarrus (1773-1835), épouse du précédent et surnommée Madame Tallien depuis son premier mariage avec un révolutionnaire français.

Au sein de la collégiale des Saints-Pierre-et-Paul, dont la tour a été reconstruite en 1732, il est possible pour les visiteurs d’admirer le mausolée de marbre noir surmonté d’un gisant d’albâtre du premier prince de Chimay décédé en 1527, Charles Ier de Croÿ (qui fut auparavant 2èmecomte de Chimay).    

Une autre personnalité associée à la ville a reçu un hommage par l’édification en 1848 d'une statue sur l’une des places de Chimay. Il s’agit de Jehan de Froissant, l’un des plus importants chroniqueurs de l’époque médiévale, et dont les écrits sont notamment très intéressants pour ce qui touche à la guerre de Cent Ans. Il avait été historien officiel auprès de Philippa de Hainaut, l’épouse du roi Edouard II d’Angleterre, puis fut placé sous la protection de Jeanne de Brabant. Il a terminé sa vie comme chanoine de Chimay et est décédé à l’abbaye Sainte-Monégonde vers 1410.

Valentin Dupont, secrétaire de Pro Belgica Hainaut

Merci à Christiane Brabant, membre de Pro Belgica Hainaut, pour ses photos. 

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