mercredi 27 février 2013

"Good morning Belgium : réflexions pour un fédéralisme revigoré"

"Good morning Belgium" a été co-écrit par neuf observateurs (tant du nord que du sud) de l'évolution institutionnelle belge qu'ils nous expliquent dans ce livre en faveur d'un Etat fédéral revigoré (ni unitaire, ni confédéral).


La scission de la Belgique est-elle possible sur le plan juridique? Cette question avait déjà été abordée en 2008 par le ministre d'Etat Herman De Croo dans son livre bilingue "Que la Belgique crève? Questions aux séparatistes". Son point de vue est rejoint par le professeur Vincent Laborderie qui estime que la scission est aussi irréaliste qu'un retour à la Belgique unitaire. Il rejette l'exemple de la séparation pacifique de la Tchécoslovaquie car les Tchèques et les Slovaques n'avaient pas de capitale commune. Outre Bruxelles, comment partager la dette publique et les communes à facilités? Par ailleurs, selon le droit international, un nouvel Etat ne fait plus partie d'aucune organisation internationale (Otan, UE, ONU, p.ex.). Ainsi, quatre ans après la déclaration d'indépendance du Kosovo, seuls 89 Etats ont reconnu le pays, ce qui empêche son entrée à l'ONU. Et comme cinq Etats de l'UE ne veulent pas le reconnaître, cela lui ferme aussi les portes de l'UE. Il faut tenir compte également du Royaume-Uni et de l'Espagne qui ne veulent pas montrer à la Catalogne ou l'Ecosse que leur éventuelle indépendance serait facile... Et les instances internationales accepteraient-elles l'indépendance de la Flandre sans référendum ou consultation populaire?

Les mythes du mouvement flamand : Les historiens Roel Jacobs et Paul Vaute reviennent sur les mythes du mouvement flamand, comme la bataille des Eperons d'Or en 1302. Les transferts financiers actuels nord-sud sont bien réels, mais une partie d'entre eux revient aux entreprises flamandes dont les principaux clients se trouvent au sud du pays... Et une Flandre indépendante et riche devrait aider les pays les plus pauvres de l'UE, comme la Roumanie et la Bulgarie. Paul Vaute fait aussi remarquer : "Le mouvement flamand, né très précocement en réaction contre la francisation de la justice, de l'administration, de l'armée...n'a pas été contrarié mais au contraire favorisé par l'Etat belge, soucieux de nous différencier de la France et de répondre ainsi à des ambitions annexionnistes récurrentes. La biculturalité offre l'avantage de définir d'emblée une identité belge distincte de celle de notre voisin du sud. C'est ainsi qu'Henri Conscience, soutenu dès le début par Léopold Ier, reçut un poste aux Archives provinciales, ce qui lui permit de disposer d'un revenu tout en se consacrant à l'écriture de ses livres. Tant Conscience que les autres éveilleurs du sentiment flamand étaient d'ailleurs, à cette époque, profondément patriotes belges".

Fédéralisme ou confédéralisme? Membres de l'asbl BPlus, Luc Ryckaert, Luc Van Coppenolle et Gilles Vanden Burre expliquent les différences entre ces deux termes, tandis que le professeur Philippe Van Parijs (KUL) détaille les différentes possibilités pour Bruxelles. Une confédération n'est pas un Etat, mais une alliance entre plusieurs Etats indépendants qui décident de gérer ensemble certaines compétences (la défense, les affaires étrangères, p.ex.). Une confédération n'a pas de parlement propre et la prise de décision confédérale nécessite l'unanimité. Comme chaque Etat-partie a un droit de veto et peut, à tout moment, se retirer de la confédération, ce concept est fragile. Dans le monde, les Etats-Unis d'Amérique et la Suisse ont évolué d'un Etat confédéral vers un Etat fédéral, et les confédérations Sénégal-Gambie (de 1982 à 1989) et Serbie-Montenegro (de 2003 à 2006) n'ont pas duré longtemps. Aussi, le confédéralisme, est-ce bien une solution d'avenir pour la Belgique?

Circonscription électorale nationale : Le politologue Dave Sinardet nous explique l'intérêt d'une circonscription électorale nationale et nous retrace l'historique de ce projet lancé....à la fin des années 70 par le premier ministre Leo Tindemans pour la première élection directe des parlementaires européens, mais les autres partis ne l'ont pas soutenu. Depuis plusieurs années, elle est défendue dans la presse par le groupe bilingue d'universitaires Pavia.

Conclusion : Je partage cette réflexion du professeur Vincent Laborderie : "En Belgique, comme ailleurs, ce n'est pas la réalité qui fait la perception, mais la perception qui façonne la réalité politique. Tous les événements, même les plus anodins, sont interprétés comme symboliques et hautement significatifs d'un approfondissement du fameux fossé entre Flamands et francophones. On peut craindre que les acteurs politiques, ayant intégré cette idée, ne cherchent plus à imaginer des solutions alternatives à la décomposition lente ou rapide du pays. Certains politiques et commentateurs donnent ainsi l'impression d'avoir intériorisé le discours de la NVA selon lequel il n'y a rien à faire, sinon à constater (et justifier) l'évolution-dégradation de la Belgique".

Mon seul reproche est le manque d'un chapitre sur le rôle que peuvent jouer les citoyens contre cette perception de la Belgique, notamment à travers les réseaux sociaux ou/et en s'intéressant à l'autre communauté (ce qu'avait expliqué Gilles Vanden Burre en 2010 dans son livre "Oui, une autre Belgique est possible").

Vincent Leroy
Président de Pro Belgica Hainaut

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