samedi 29 novembre 2014

Le centenaire de la bataille de Collarmont

Le matin de l'affrontement, ma grand-mère sentant ce qui allait se passer décida d'évacuer dans la famille à Morlanwelz. Mon papa était né en mars 1914. Arrivée à quelques centaine de mètres de sa maison, elle est arrêtée par une voisine qui lui dit de rester chez elle avec mon papa, ce qu'elle accepte.

Au plus fort de la bataille ils se réfugient tous à la cave (la maison était un estaminet). Le soir, les Allemands se saoulent dans le café tandis qu'en bas ils sont apeurés, redoutant des pleurs de mon papa. Comme disait ma grand-mère "miracle Jules n'a jamais rien dit" sans quoi ils auraient été abattus par ces Allemands avinés.

Centenaire de la bataille en 2014


Le 23 août ils rentrent chez eux et découvrent que la maison porte une grande croix rouge, c'est le poste de secours. Il y a des blessées et des cadavres partout sur des bottes de paille (la maison était une petite ferme). Parmi les mourants installés sur une botte de paille, il y avait, avec son chapelet, le Lieutenant français Henri Mouilleron qui s'était battu en duel avec un gradé allemand, le lieutenant Koenig. Mouilleron avait eu le dessus mais les Allemands, ivres de rage, s'étaient rués sur lui, le transperçant à la baïonnette. Koenig avait été installé dans le lit de ma grand-mère qu'il avait défoncé dans son agonie.

Centenaire de la bataille en 2014


Ma grand-mère avait récupéré le chapelet de Mouilleron qui a été remis à son fils lors de la grande cérémonie du cinquantième anniversaire en 1964. Le casque à pointe de Koenig, également récupéré, fut enterré en 1940. Fait de cuir bouilli, il ne restait que la pointe en cuivre en 1945.

Voila un récit que j'ai entendu raconter des dizaines de fois par ma grand-mère Marie Wasterlain. La maison existe toujours à la Rue de la Rosière 19 à Carnières-Collarmont.

Centenaire de la bataille en 2014


Un de mes voisins était René Parisot, un poilu qui avait été blessé le 22 août 1914 à Collarmont. Soigné à l'hospice de Carnières, il avait épousé son infirmière Ida Paul. Ils habitaient Rue Sault à Sault (Collarmont). Lors de son décès, la demande d'inhumation avait été demandée au cimetière militaire mais le gouvernement français refusa car il n'était pas décédé au combat. Il est inhumé à la pelouse d'honneur de Carnières.

Centenaire de la bataille en 2014 - Cimetière de Collarmont


Texte signé par Jean-Pierre Dupont, membre de Pro Belgica Hainaut, tandis que les trois premières photos sont dues au conseiller communal Alexandre Mpasinas.  

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