vendredi 30 mars 2012

"Louis de Potter, révolutionnaire belge en 1830" (Nicolas de Potter et René Dalemans)

Louis de Potter est né en 1786 au château de Lophem construit par son père. Après être parti en Italie pour parfaire son éducation et devenir un historien autodidacte, il publie en 1816 "Considérations philosophiques sur l'histoire des conciles depuis les apôtres jusqu'au grand schisme d'Occident" (en six volumes), ce qui lui vaut d'être reçu par le roi Guillaume d'Orange qui régnait à l'époque sur l'actuel Benelux. Il décide ensuite de s'installer avec sa mère à Bruxelles pour poursuivre sa carrière de journaliste-écrivain contestataire, et refuse de lever ses titres de noblesse. Il épouse Sophie van Weydeveldt, fille d'un tapissier. Un an plus tard, parallèlement à ses articles dans "Le Courrier des Pays-Bas", Louis, toujours plus anticlérical, écrit "Lettre de Saint-Pie V".

En 1828, un article critique contre le concordat entre les Pays-Bas et le Vatican, lui vaut d'être emprisonné, accusé de complot contre l'Etat et d'excitation à la révolte. Mais ses écrits parviennent à quitter la prison, et il devient le chef de file de l'opposition au régime hollandais. Il prône l'union des catholiques et des libéraux, et défend la liberté de l'enseignement, de la presse et de l'emploi des langues. Il demande à sa mère d'accueillir des réunions de contestataires chez elle à la place Saint-Michel (actuelle place des Martyrs).

Le 16 avril 1830, Louis de Potter et d'autres opposants comparaissent à la Cour d'Assises pour complot visant à renverser le gouvernement. Il est condamné à l'exil hors du royaume. Un journal français explique le procès à ses lecteurs : "Ce ne sont pas seulement des intérêts individuels qui sont en jeu, c'est une population en présence d'une autre, c'est la Belgique en jugement devant la Hollande. Ces deux peuples, divisés par la langue, la religion, les moeurs, les intérêts, n'ont qu'un lien en commun : celui du gouvernement".

Le 25 août, le Théâtre Royal de la Monnaie propose l'opéra "La Muette de Portici" qui raconte la révolte des Napolitains contre le vice-roi espagnol. Lorsque le ténor entonne "Amour sacré de la patrie, rends-nous l'audace et la fierté", les spectateurs quittent le théâtre, sont rejoints par d'autres personnes et saccagent des maisons liées au régime hollandais. Les jours suivants, l'émeute se déplace vers les faubourgs de Bruxelles. C'est le début de la révolution belge. Louis de Potter (44 ans) en profite pour faire un retour triomphal en Belgique fin septembre, et rejoindre le gouvernement provisoire. L'indépendance de la Belgique est prononcée le 4 octobre.

C'est Louis de Potter qui prononce le discours d'ouverture du Congrès National le 10 novembre, mais conscient que ses préférences pour la république, le suffrage universel et une réforme de l'impôt plus équitable n'obtiendront pas le soutien de ses membres issus de la noblesse et de la bourgeoisie, il quitte la politique.

 Louis renoue avec l'écriture et sort, en 1836, "Histoire philosophique, politique et critique du christianisme et des églises chrétiennes depuis Jésus jusqu'au XIXème siècle" (en huit volumes), dans lequel il écrit : "Par le christianisme que je combats, il faut toujours entendre le christianisme hiérarchiquement organisé. Jésus et ses principes d'égalité sociale, de fraternité universelle sont pour moi la manifestation de l'homme moral au degré le plus sublime". Il écrit encore d'autres ouvrages et meurt en 1859.

 Que reste-t-il aujourd'hui de Louis de Potter? Sa présence sur le tableau représentant le gouvernement provisoire, sa tombe au cimetière de Saint-Josse, un buste au Parlement, une rue à Schaerbeek, mais il y a aussi désormais cette biographie objective, bien documentée et agréable à lire sur cet homme libre et méconnu qui a joué un rôle important dans les événements de 1830. Il démontre aussi que la Belgique n'est pas un Etat artificiel créé par les grandes puissances (comme le prétendent les séparatistes et rattachistes), mais le fruit de la lutte d'hommes comme Louis de Potter pour son indépendance à l'égard du régime hollandais.

Vincent Leroy,
Membre de Pro Belgica Hainaut

1 commentaire:

  1. Chers Amis de Pro Belgica Hainaut,

    Un tout grand merci et bravo pour ce superbe travail
    de précision, de mémoire et d'objectivité de votre part!

    Les co-auteurs, l'éditeur, mon épouse et moi sommes
    vraiment très touché et espérons que cette critique
    sera suivie d'un article dans la revue nationale aussi!

    Vive Pro Belgica, Vive la Belgique de 1830 à 8130!

    Nicolas de Potter
    ---

    RépondreSupprimer