dimanche 7 août 2011

Pro Belgica contre l'amnistie

Un problème qui a fait la Une pendant des années, oublié pendant près de vingt ans, semble resurgir depuis les dernières élections qui ont vu une victoire d'un parti flamand qu'on peut qualifier de séparatiste puisqu'il n'en fait pas mystère.

Même s'ils n'ont pas connu la guerre mondiale des années 1940, les Belges doivent savoir que les occupants de 40-45, qui furent également ceux de 14-18, ont essayé de rallier à l'Allemagne nombre de nos concitoyens, tant du sud que du nord. Si le fanfaron Degrelle a affirmé dans un de ses discours que les Wallons étaient de race germanique et qu'en conséquence, il se faisait un devoir de rallier l'Allemagne dans sa lutte contre le bolchevisme, il est manifeste que sous la houlette de chefs politiques, des Flamands ne sont pas restés passifs dans leur désir de collaborer avec l'occupant. La collaboration a sûrement des sources différentes : nationalisme, idéalisme, matérialisme et vengeance ou intérêt strictement personnel.

Lorsque certains réclament l'amnistie pour ceux qui, pendant l'occupation, ont collaboré avec les Allemands, il faut savoir avant tout de quoi l'on parle. La présidente de Sant' Egidio avoue qu'elle n'en connaît pas bien le sens : "Certains estiment qu'il s'agit de considérer que la faute commise n'a jamais existé ; d'autres qu'il s'agit d'effacer le caractère délictueux de la faute et de supprimer la peine". D'autres enfin, qu'il s'agit d'un pardon, comme le propose le professeur Philippe Van Meerbeeck, psychiatre et professeur à l'UCL. Selon lui, ce pardon doit être accordé aux Flamands avant la scission de BHV, ce qui faciliterait probablement la solution de ce chancre qui empoisonne la vie du pays depuis trente ans. Il est sûr que les conceptions attribuées à ce terme, varient selon les catégories de personnes qui, d'une façon ou l'autre, seraient intéressées par les conséquences d'une loi d'amnistie votée par le Parlement.

Il me paraît indubitable que l'amnistie, dans sa première acceptation, est inacceptable car considérer qu'un acte réellement commis n'a pas existé est une vue de l'esprit qu'aucun être raisonnable ne peut accepter. Il en est de même en ce qui concerne la deuxième conception pour celles et ceux qui ont souffert dans leur chair à la suite de dénonciations à l'ennemi par des collaborateurs. Et pour leurs descendants ce même état d'esprit est pratiquement certain. Considérer qu'une faute n'est plus punissable, c'est provoquer les jeunes qui pourraient s'imaginer que le mal est assimilable au bien.

Qu'en est-il du pardon prôné par le professeur Van Meerbeeck? Personnellement, je ne serais pas opposé à ce qu'une loi vote le pardon à celles ou ceux, tous les Belges confondus (j'insiste car il n'y a pas que des collaborateurs flamands) qui ont commis ces horribles erreurs, pour autant qu'ils manifestent un réel regret et qu'aucun tort n'ait été porté directement à un compatriote. Mais il serait naïf de croire qu'un regret exprimé sur un formulaire soit vraiment sincère. Seul un renouveau de vie et de pensée peut être crédible et là, trouvez-moi la façon de le constater.

Oui, il faudrait pouvoir tourner la page. Elle a été tournée entre la France et l'Allemagne ; c'est probablement plus difficile entre compatriotes car la traîtrise et les dénonciations laissent des traces. Et pourtant il faudra tourner la page : nos hommes politiques sont-ils vraiment conscients de ce que l'opposition nord-sud a de néfaste pour le bien commun de tous les Belges?


Albert Paternostre, administrateur de Pro Belgica
(extrait de la revue trimestrielle de Pro Belgica de juin 2011)

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