Un problème qui a fait la Une pendant des années, oublié pendant  près de vingt ans, semble resurgir depuis les dernières élections qui  ont vu une victoire d'un parti flamand qu'on peut qualifier de  séparatiste puisqu'il n'en fait pas mystère.
Même s'ils n'ont pas connu la guerre mondiale des années 1940, les  Belges doivent savoir que les occupants de 40-45, qui furent également  ceux de 14-18, ont essayé de rallier à l'Allemagne nombre de nos  concitoyens, tant du sud que du nord. Si le fanfaron Degrelle a affirmé  dans un de ses discours que les Wallons étaient de race germanique et  qu'en conséquence, il se faisait un devoir de rallier l'Allemagne dans  sa lutte contre le bolchevisme, il est manifeste que sous la houlette de  chefs politiques, des Flamands ne sont pas restés passifs dans leur  désir de collaborer avec l'occupant. La collaboration a sûrement des  sources différentes : nationalisme, idéalisme, matérialisme et vengeance  ou intérêt strictement personnel. 
Lorsque certains réclament l'amnistie pour ceux qui, pendant  l'occupation, ont collaboré avec les Allemands, il faut savoir avant  tout de quoi l'on parle. La présidente de Sant' Egidio avoue qu'elle  n'en connaît pas bien le sens : "Certains estiment qu'il s'agit de  considérer que la faute commise n'a jamais existé ; d'autres qu'il  s'agit d'effacer le caractère délictueux de la faute et de supprimer la  peine". D'autres enfin, qu'il s'agit d'un pardon, comme le propose le  professeur Philippe Van Meerbeeck, psychiatre et professeur à l'UCL.  Selon lui, ce pardon doit être accordé aux Flamands avant la scission de  BHV, ce qui faciliterait probablement la solution de ce chancre qui  empoisonne la vie du pays depuis trente ans. Il est sûr que les  conceptions attribuées à ce terme, varient selon les catégories de  personnes qui, d'une façon ou l'autre, seraient intéressées par les  conséquences d'une loi d'amnistie votée par le Parlement.  
Il me paraît indubitable que l'amnistie, dans sa première  acceptation, est inacceptable car considérer qu'un acte réellement  commis n'a pas existé est une vue de l'esprit qu'aucun être raisonnable  ne peut accepter. Il en est de même en ce qui concerne la deuxième  conception pour celles et ceux qui ont souffert dans leur chair à la  suite de dénonciations à l'ennemi par des collaborateurs. Et pour leurs  descendants ce même état d'esprit est pratiquement certain. Considérer  qu'une faute n'est plus punissable, c'est provoquer les jeunes qui  pourraient s'imaginer que le mal est assimilable au bien. 
Qu'en est-il du pardon prôné par le professeur Van Meerbeeck?  Personnellement, je ne serais pas opposé à ce qu'une loi vote le pardon à  celles ou ceux, tous les Belges confondus (j'insiste car il n'y a pas  que des collaborateurs flamands) qui ont commis ces horribles erreurs,  pour autant qu'ils manifestent un réel regret et qu'aucun tort n'ait été  porté directement à un compatriote. Mais il serait naïf de croire qu'un  regret exprimé sur un formulaire soit vraiment sincère. Seul un  renouveau de vie et de pensée peut être crédible et là, trouvez-moi la  façon de le constater.
Oui, il faudrait pouvoir tourner la page. Elle a été tournée entre  la France et l'Allemagne ; c'est probablement plus difficile entre  compatriotes car la traîtrise et les dénonciations laissent des traces.  Et pourtant il faudra tourner la page : nos hommes politiques sont-ils  vraiment conscients de ce que l'opposition nord-sud a de néfaste pour le  bien commun de tous les Belges?
Albert Paternostre, administrateur de Pro Belgica 
(extrait de la revue trimestrielle de Pro Belgica de juin 2011)
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