Le 29 août 2017, le 75ème anniversaire du passage des prisonniers de guerre canadiens a été commémoré à Momignies en présence de l'ambassadeur du Canada.
Comme chaque année, Pro Belgica était présent au 82ème hommage national au Roi Albert Ier et aux Héros de l'Yser à Nieuport. L'association était représentée par l'administrateur et porte-drapeau Matthieu Croonen et par l'administrateur Jean Paul Van Goethem.
Merci à Suzanne Nys de nous autoriser à reprendre ses photos.
Presque immédiatement après leur conversion, les peuples germaniques se sont rendus sur les lieux
de culte où l'on vénérait saint Pierre et saint Paul. Il fallut très vite organiser des structures d’accueil
pour loger ces pèlerins. C’est ainsi qu’à deux pas de la basilique constantinienne de Saint-Pierre on
trouve de petits centres destinés aux Saxons, Lombards, aux Frisons et aux Francs. L'église des
Frisons et le Campo Santo dei Teutonici e Fiamminghi existent toujours. Souvent on situe
également (mais injustement) le début de l’hospice de Saint-Julien à Rome au VIIIe
siècle, tandis
que selon la tradition le comte Robert II de Flandre aurait visité la fondation, au cours de son
voyage vers la Terre Sainte en 1096. La date précise de la fondation reste toutefois incertaine. Les premières mentions historiques d'une chapelle consacrée à saint Julien datent du début du XVe
siècle, lors du retour des papes à Rome après leur long exil en Avignon, suite aux schismes
douloureux qui éprouvèrent l'Église. Le retour à Rome de la cour pontificale signifiait pour la ville
un nouvel essor. De nombreux étrangers suivirent ce mouvement, dans le sillage de la curie
romaine. Les «nations» étrangères se fixèrent en ville et Rome devint rapidement la «communis
patria», la patrie commune à tous. Les anciens Pays-Bas n’échappèrent pas à ce mouvement et
créèrent dès lors leur propre infrastructure, afin d'absorber le flux croissant de personnes venues de
nos régions. C'est de cette époque que date l'un des plus anciens écrits sur Saint-Julien, dont une
copie conforme existe toujours dans le livre de la confrérie de 1574 : il s’agit des statuts et des
règlements de l'hospice pour les pèlerins de 1444.
À partir de 1624, le registre des pèlerins fut minutieusement tenu à jour. Cela nous donne une idée
du flot important de pèlerins venus des Pays-Bas méridionaux vers la Ville Sainte. Entre 1624 et
1790, y furent logés quelque 21.213 pèlerins venus non seulement du comté de Flandre, mais
également de l'Artois, de Namur, du Hainaut, de Cambrai et de Tournai. La comptabilité de Saint-Julien
nous apprend comment la Fondation intervint financièrement pour aider des gentilshommes
agressés, des personnes malades revenant des galères pontificales, et des marins et leurs familles
libérées des mains de pirates d'Afrique du Nord moyennant rançon, souvent fort importante. Au début du XVIe
siècle, la redécouverte de l'Antiquité classique accrut considérablement le
pouvoir d’attraction de Rome. Grâce à la munificence des papes de la Renaissance, la ville devint
rapidement un pôle d'attraction pour beaucoup de peintres, de sculpteurs, de musiciens et de
savants. Assurée de l'appui de fondations telle San Giuliano, Rome fut du XVe
au XVIIe
siècle un
véritable lieu d'immigration pour les Flamands. Une foule de cordonniers, menuisiers, orfèvres,
verriers, couturiers et soldats trouvèrent à Rome une seconde patrie. Les riches Flamands de Rome,
le clergé, les hommes d'affaires, les artisans et artistes à succès siégeaient dans le conseil
d'administration de l'hospice et étaient en même temps membres de la Fraternité Saint-Julien, annexe. Cette fraternité avait une dimension à la fois religieuse et matérielle. Ses membres se
soutenaient mutuellement et soutenaient surtout leurs compatriotes nécessiteux, tant dans les
occasions joyeuses que tristes. La confrérie avait acquis un grand prestige en 1536 grâce à
l’inscription de l’empereur Charles-Quint, originaire de Gand. Leur présence se note encore
toujours à travers les pierres tombales cimentées dans le sol de l’église.
Bien que le conseil d'administration ne puisse être composé statutairement que de membres issus du
Comté de Flandre, plusieurs personnes venant d'autres régions (Anvers, Tournai, Binche...)
participèrent à la gestion de Saint-Julien, quoique les Brabantois et les Liègeois se rencontraient en
première instance dans l’église de S. Maria dell’Anima. Les proviseurs recevaient en revanche le
soutien financier de toutes les parties des anciens Pays-Bas. Mais Saint-Julien était bien plus qu'un
centre de soutien financier. La petite église était le lieu de ralliement pour les habitants des Pays-Bas
méridionaux, qui habitaient Rome, afin de resserrer les liens d'amitié qui les unissaient. Cette église Saint-Julien servait de point de chute pour tous les Flamands qui vivaient à Rome, les
plus riches protégeant les moins fortunés. Ainsi le banquier Pieter de Visscher d'Audenaerde
(rapidement appelé en Italie Pietro Pescatore) était actif à Saint-Julien entre 1618 et 1643. Il fit
décorer sa maison de campagne à Frascati par l'Anversois Cornelis Schut. Des artistes réputés, tel
Jan Miel de Beveren, au XVIIe
siècle, l'un des importateurs à Rome des petites scènes de genre, ou
le Bruxellois Louis Cousin, alias Luigi Primo il Gentile, ont fait partie du conseil d'administration
de Saint-Julien.
Le siège actuel de la Fondation à la Via del Sudario fut reconstruit en 1681-1682 et c’est de ce
moment-là que date son aspect actuel. La forme octogonale de l'église remonte au début du XVIIIe
siècle : sa ressemblance avec San Andrea al Quirinale du Bernin est frappante. Le plan de base fut
dessiné par Antonio Maria Borioni (Rome ? - 1727), aidé en cela par son frère Asdrubale Maria
Borioni. Le mécène de loin le plus important de la Fondation fut un pharmacien de Ypres, Nicolaas
van Haringhen, qui était actif à Rome et fit de Saint-Julien son héritier universel. En 1695 il chargea
son ami, Théodore Helmbreker de Haarlem, de peindre la toile de fond du maître-autel. Son
héritage servit aussi à d’autres travaux de décoration, au XVIIIe
siècle. La plupart des œuvres d'art que l'on peut voir de nos jours dans l'église datent du début du XVIIIe
siècle. Le médaillon central de la voûte représente l'apothéose de saint Julien. La fresque fut peinte
en 1717 par le peintre anglais William Kent, qui connut son heure de gloire plus tard en tant que
créateur du jardin anglais, et fut aussi l'architecte de la cour du roi d'Angleterre. Ce médaillon est
entouré de quatre figures allégoriques qui représentent respectivement le Comté de Flandre
(FLANDRIA, en haut à gauche), Bruges et le Franc de Bruges (BRVGAE, en haut à droite), Gand
(GANDARVM en bas à gauche) et Ypres (HYPRAE, en bas à droite), dont les armoiries entourent
aussi le médaillon et ornent la façade de l'église, en dessous de l'inscription : ECCLESIA S.
GIULIANI HOSPITALIS FLANDRIAE. En 1743, le peintre bruxellois Maximilien Dhaese peignit
la toile située au-dessus d'un autel latéral et qui représente les apôtres Pierre et Paul. Des sculpteurs,
comme le Gantois Pieter Verschaffelt (auteur de l'ange au sommet du Château Saint-Ange) ou
Charles-François van Poucke, de Dixmude, étaient encore membres de la fondation au milieu du
XVIIIe
siècle.
L'ancienne organisation de Saint-Julien disparut lors de la prise de contrôle de la fondation par la
République Française entre 1798 et 1814. L'église passa ensuite officiellement au Royaume des
Pays-Bas, et enfin à la Belgique. Notre dynastie est encore aujourd’hui la protectrice du titre
« Royale » que lui octroya Marie-Thérèse impératrice d'Autriche, reine de Hongrie et archiduchesse
de Bohème. Le patrimoine de la fondation se compose de trois grands « palazzi » (immeubles) du
XVIIIe-XIXe
siècle. Elle gère ces biens uniquement grâce aux loyers modestes des 35 locataires et
ne jouit d'aucun subside de l'État belge. Le but de la fondation est inchangé depuis les anciens
statuts : être disponible pour les compatriotes-pèlerins qui demeurent à Rome ou visitent la Ville
Éternelle. Saint-Julien abrite également le siège de la Fondation Darchis, dont l’administrateur
délégué est le recteur de Saint-Julien.
Le 11 novembre, on commémore à Saint-Julien les morts des deux guerres mondiales et on y fête le
Roi le 15 novembre. D'octobre à juin, l'Eucharistie dominicale y est célébrée à 10 heures et demie.
Lors du Consistoire du 26 novembre 1994, le Scheutiste Jan Schotte fut nommé en tant que premier
cardinal-diacre de Saint-Julien. Le Cardinal Schotte mourut le 10 janvier 2005 et fut enterré à Saint-Julien
le 10 janvier 2008. Au début du mois de juillet 2008, deux vitraux furent placés dans la porte
de la sacristie, dans le chœur de l’église. Ces deux vitraux ont été réalisés par le maître verrier
flamand Maurits Nevens et s’intitulent : «L’Invitation» (à gauche) et «Pèlerinage des Flamands à
Rome» (à droite).